L’évolution de la dynamique sociétale avance vers
davantage de fonctionnement en réseau. Nous avons déjà vu ce phénomène se
développer dans l’économie parallèle en creux de l’économie officielle dans
nombre de pays émergents ou, comme ils sont communément nommés, en voie de
développement. Ainsi aussi dans nos économies traditionnelles actuelles, monte une économie parallèle de micros actions, de micros structures, bâties sur
l’inter personnel et la proximité, voire non monnayées. Nombre d’économistes, prévisionnistes, futurologues et sociologues s’accordent aujourd'hui à penser
que se construit là une nouvelle économie fondée sur le grè à grè, le lien
direct, du « cousu main sur place ».
Les forums de prospective sur le sujet font la part
belle à la personne, valorisant son efficience, sa pertinence. Déjà, nombre de
transactions financières se font hors des circuits bancaires. Localement se
développent des économies circulaires, de réseau ou collaboratives, des
circuits courts, souvent sur des unités d’échange locales de type SEL ou SOL.
Des laboratoires de recherche, d’expérimentation et de développement
technologique s’installent à la périphérie des villes où amateurs,
entrepreneurs et chercheurs collaborent gratuitement à l’élaboration de
solutions pratiques. Elles apparaissent ensuite tant sur ces nouveaux marchés que
sur les marchés officiels.
Dans la même logique, les logiciels libre se
développent et « font la nique » aux grands produits. Ils possèdent
leurs propres réseaux de développement collaboratifs. Les systèmes gratuits et
solidaires florissants font montre de la ré-émergence des valeurs humanistes.
« Ce qui importe c’est l’œuvre que nous créons et nous n’avons besoin de
rien, ni de personne » semblent nous dire ces alternants culturels.
Ainsi, de plus en plus, les actions se développent au
local, hors contrôle, hors circuits, interactivement. Comme nous avons vu
disparaître depuis trente ans nombre de métiers effacés par les développements
technologiques, les systèmes d’information, de communication et de déplacements,
comme nous en avons vu aussi apparaître de nouveaux sur les champs de la
communication et des services, comme ce phénomène s’accélère de manière
exponentielle, certains observateurs prédisent que d’ici peu, voire cinq ans,
la majorité des échanges pourrait se faire en circuit court, soit locaux. La
micro économie prendrait le pas dans un esprit « hacker », c'est à dire « détournant ». Cette nouvelle posture d’acteurs semble répondre à
l’injonction : « Fais le toi-même ! » et il y a du plaisir
à y souscrire.
Rien de tout cela n’est un phénomène isolé. Nous
sommes réellement en présence d’une mutation importante et totale de société.
Après l’ère du fleuve, celle de l’esclavage, puis de l’artisanat féodal, et
enfin de la modernité industrielle, voici que semble avoir déjà commencé celle
du réseau dans une profonde reconstruction culturelle (cf. l'article "Post modernité et alternation culturelle : 2 - le temps d'après).
Paradoxe de la mondialisation, comme l’indique depuis plusieurs années le sociologue de la Post-modernité, Michel Maffesoli, la vie du monde se localise et se tribalise dans un maintenant permanent. Les stratégies se personnalisent. L’unité de base n’est plus l’individu, dont la somme fait la décision et le pouvoir, mais la personne dans son autonomie de pensée, de faire, de créer, d’être au monde. C’est la pluralité de représentations en résonance. C’est sur cette personnalisation que se fondent les nouvelles pratiques en réseaux. A l’instar de la vision de Claude Lévi-Strauss, chacun, chacune est porteur(euse) de toute l’humanité et cette humanité est la somme des "chacun - chacune".
Paradoxe de la mondialisation, comme l’indique depuis plusieurs années le sociologue de la Post-modernité, Michel Maffesoli, la vie du monde se localise et se tribalise dans un maintenant permanent. Les stratégies se personnalisent. L’unité de base n’est plus l’individu, dont la somme fait la décision et le pouvoir, mais la personne dans son autonomie de pensée, de faire, de créer, d’être au monde. C’est la pluralité de représentations en résonance. C’est sur cette personnalisation que se fondent les nouvelles pratiques en réseaux. A l’instar de la vision de Claude Lévi-Strauss, chacun, chacune est porteur(euse) de toute l’humanité et cette humanité est la somme des "chacun - chacune".
Il ne s’agit donc pas de retrouver la valeur de
« l’otium » (l'oisiveté) propre à l’ère de l’esclavage, ou du travail propre à
celle de la modernité éclairée de la science et du progrès, mais de pratiquer
l’émergence passionnée de la solidarité et du partage.
Le triptyque de cette nouvelle république « an-archosique »
(si j'ose dire pour éviter le mots dévoyé d’anarchie) serait « personnalité – solidarité
– pragmatisme ».
Dès lors, le système bureaucratique a tendance à
apparaître comme une prochaine ruine organisationnelle, un vestige industriel,
et ses tenants comme des zombies de la modernité. Aujourd'hui, la pyramide des nouvelles
relations est plate. Ce n’est plus une organisation, c’est un
système. Les Top-Down et Bottom-Up n’ont plus de sens. Tout est horizontal
jusqu'à l’horizon. Plus de contrôle ni de dictature du chiffre, tout s’auto
régule dans la co-responsabilité des actions.
Nous parlons de crise aujourd'hui car un grand nombre d'acteurs ne
sait pas traiter cette mutation. Le vieux monde est en train de s’éteindre et les
zombis ne veulent pas mourir…
Jean-Marc SAURET
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