"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Le bonheur au travail

Mihaly Csikszentmihalyi, auteur et psychologue hongrois, chercheur sur les questions du bonheur et de la créativité, a consacré un ouvrage à cette première question intitulé « Vivre, la psychologie du bonheur » (Poket Evolution, Paris 2006)
Il y présente une approche humaniste et le texte promotionnel de l’ouvrage commence ainsi : « Qu'est-ce qui rend les gens heureux ? Qu'est-ce qui donne son sens à la vie ? … La réponse originale de Mihaly Csikszentmihalyi est lorsque notre état d’esprit possède certaines qualités bien particulières et lorsque nous donnons « le meilleur de nous-mêmes », ces instants de grâce que tout le monde connaît un jour ».
L’entreprise actuelle, nous l’avons vu précédemment, est l’une des dernières agoras sociales. Elle est un lieu privilégié de réalisation de soi où nous pouvons effectivement donner le meilleur de nous même à la condition, bien sûr, que les moyens nous y soient accordés. Christophe Dejours, psycho-sociologue spécialiste de la souffrance au travail enseignant au CNAM, a longuement écrit sur ce champ là, montrant comment l’autonomie permettait aux acteurs d’être bien dans leur peau et performants par surcroît.


Sumantra Ghoschal, en 98, dans « L’entreprise individualisée », donnait aussi ce projet aux managers : « Avant toute chose, l’entreprise… n’est pas une affaire de structure ou d’organisation. Elle tient uniquement au dirigeant, à ses convictions et à sa posture managériale… Son objectif n’est pas de devenir le chef de ceci ou de cela, mais d’insuffler aux salariés d’abord la fierté de leur travail… Ce ne sont pas les gens qu'il faut changer mais leur environnement physique, moral et symbolique, et l’investissement de leur potentiel ».
En effet, le management est une dynamique sociale où la question de la réalisation de soi (axe personnel) rencontre l’être ensemble (axe social), c’est-à-dire la socialisation de chacune et chacun. Objectifs, procédures, éthiques, valeurs, démarches, règles, ne sont que des parties émergées de cette dynamique que la démarche rationnelle (gestionnaire et bureaucratique) considère comme les variables même du management quand elles ne sont que ses conséquences.
Nos observations, dans les grandes institutions comme dans les plus modestes associations, nous indiquent que la dynamique collective repose sur cette articulation acteur-organisation que le management se doit de prendre en objectif. Dès lors, entreprises, institutions, organisations, ont une responsabilité sociale dans l'équilibre sociétal.


Chaque organisation a, par décision ou par défaut, une éthique, un ensemble de valeurs écrites ou pas, qui décident des modes d’être ensemble au travail. Ces valeurs et rituels sont là soit par choix et décision managériale, soit par défaut, par le jeu des relations d’acteurs. Ainsi, nous rencontrons des morales professionnelles soit cohérente, soit absurdes.
Mais considérons, même si ce n’est pas le cas partout et tout le temps, que chaque morale d’organisation puisse être cohérente, c’est-à-dire relevant d’une intention travaillée.
Ici, sont en jeu les représentations, les croyances, l’éthique et les valeurs. Les gens reconnaissent-ils les leurs dans l’organisation ? Si c’est le cas, le lien social qu'ils ont intégré en eux, comme mode de rapport aux autres et au monde, se retrouvera vivant dans l’organisation. Le mariage sera heureux. Tant que son éthique personnelle est en accord avec celle de l’organisation, tout va bien.


Quand ce n’est pas le cas, tout devient très vite très compliqué pour tout le monde… Alors, comme l’indiquait Pierre Bourdieu, il faudra à ces personnes apprendre ce lien social en même temps que leur métier. L’appartenance, l’intégration est à ce prix. Il disait ceci en prenant l’exemple d’un fils de paysan arrivant à l'ENA : celui-ci devait d’abord apprendre la culture bourgeoise avant même de pouvoir se mettre à l’étude.
Ainsi, l'organisation, nouvelle et dernière agora sociale, est le champ privilégié de la réalisation de soi. Donner de l’autonomie aux acteurs pour qu'ils donnent le meilleur d’eux même, libérer des espaces de créativité, mettre les conditions matérielles, philosophiques et morales pour que les collaborateurs se réalisent en réalisant, reconnaître chacune et chacun pour son expérience, ses apports, ses contributions, sa réflexion, accueillir l’initiative et la contradiction, voilà un ensemble d’objectifs managériaux qui non seulement apporteront innovation et performance, mais donneront aux acteurs une chance de se réaliser personnellement et socialement. Là aussi, c'est toute la collectivité, dès lors plus sereine et plus équilibrée, qui en tirerait bénéfice.
Nous comprenons ainsi la haute responsabilité sociale de chaque organisation dans l’éthique ou la morale professionnelle que sa dynamique produit et reproduit. Il y a certainement là une vrai importance à penser sa philosophie d'organisation.
Jean-Marc SAURET

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