Pourquoi
aborder ce sujet là dans un blog dédié au management des personnes
et des projets ? Parce que, comme nous l'indiquons en page d'accueil,
la société ayant changé, nos organisations sont les nouvelles
"agoras" où tout se débat. Les valeurs sociétales infiltrent l'entreprise, ou l'organisation, pour y faire débat
et réalité. Ce qui se vit dans la société est déjà dans nos
organisations.
Souvent,
ces temps ci, nous entendons des journalistes, des présentateurs sur
les canaux médiatiques, utiliser le terme de « Mariage Gay ».
Cette expression n’est constitutionnellement ni conforme, ni
convenable. En effet, notre constitution républicaine est
universaliste. Quand elle pense un droit ou un devoir, elle le pense
universellement s’imposant à toutes et à tous. Donc une loi pour
une communauté n’est pas possible (ni même souhaitable) dans la
république. Le gouvernement, fort justement, utilise l’expression
« mariage pour tous ».
Ainsi,
à l’époque du débat autour du PACS, quelques sociologues, dont
moi-même, disaient que ce projet de loi était une approche
communautariste et que, s’il y avait une posture républicaine à
défendre, nous devrions plutôt traiter de ce dont il s’agissait
vraiment : Le mariage. Ainsi, nous disions que la seule posture
universaliste consisterait à, soit abolir le mariage dont l’usage
avait beaucoup évolué, soit l’ouvrir à tous les citoyens sans
aucune distinction.
Seulement
voilà, si l’usage social du mariage a bien évolué, il garde des
fondements forts de cultures religieuses et traditionnelles qui
participent à son sens profond. Si le mariage civil ne fait aucune
référence à un quelconque devoir de procréation, la pensée
populaire, comme nombre de mariages religieux, l’intègre dans sa
définition.
Jusque
dans les années soixante, le mariage était une affaire de société
et de continuation d’une lignée. Les associations économiques et
de rang social en constituaient un socle. Il s’agissait d’associer
des familles, perpétuer la ligné du nom et toute l’histoire qui
allait avec. Le sens sociétal et diachronique structuraient cette
institution.
A
partir de la fin des années soixante, le mariage, bousculé par le
droit au divorce entre autres, va changer de sens. Depuis ce temps
là, le mariage est une affaire personnelle et d’amour. Si, avant
cela, le mariage était une affaire sociétale, il était
sous-jacent que l’amour se pratiquait aussi ailleurs et le
théâtre de boulevard en a fait le centre de son "art",
mettant, par le rire, au grand jour, ce qui se passait dans les
alcôves discrètes. Il y avait là une désacralisation de
l’adultère dès lors devenu la contre parti ordinaire du mariage
(je dis ordinaire et non normale, puisque la norme restait le mariage
sans rupture).
Si
donc, le mariage est devenu une affaire de cœur personnelle, alors,
forcément, la république le laïcise. Son universalité va donc de
soi et penser le mariage pour tous devient une conséquence logique
dans la pensée républicaine.
Nous
savons les résistances morales et religieuses fortes car elles
relèvent de nos cultures et donc du sens de la personne humaine dans
ce monde. Toucher au mariage bouscule des repères sociaux, comme le
disait très justement en interview le politique Jean-Louis BORLOO.
La nécessité d’un débat s’impose donc, car quand bien même
pensons nous l’universalité comme cadre de notre « vivre
ensemble », notre collectif sociétal est fait de gens
empreints de cultures nécessairement diverses dans notre actualité
post-moderne. Penser le collectif sans les gens serait
particulièrement non-humaniste et politiquement totalitaire.
Seulement
voilà, si l’association économique de membres d’une fratrie est
possible par le PACS, le mariage est une tout autre affaire d’un
point de vue du lien social. Car, si nous ouvrons le mariage à tous,
nous ne l’ouvrons pas qu'à des personnes de même sexe, mais
à toutes personnes qui s’aiment. C'eut été là, encore une fois,
faire acte communautariste. Techniquement, nous l’ouvrons donc
aussi à un père et son fils, à deux frères et sœurs ou à une
mère et son fils… Œdipe nous voilà ! Nous voici dans
la société des chats, comme nous l’indiqueraient les
éthologues. Il me semble qu'un temps de réflexion
s’imposerait… Personnellement, j’en aurais bien besoin, et il
ne s'agit nullement d'une mensure dilatoire !
Jean-Marc
SAURET
Lundi
28 janvier 2013
P.S.
: Michel MAFFESOLI et Hélène STROHL publient le 31 janvier, dans Le
Monde des Idées, un article "Normaliser
le mariage ?"
indiquant la démarche normative et enfermante contenue dans la
volonté d’étendre le mariage à tous, le soumettant ainsi à
un dictât moral et en en faisant un "objet"
totalement déconnecté de la vraie vie. Ils en soulignent
la dangerosité psychologique et sociale. Cette
normalisation aurait quelque chose de puritain et de totalitaire.
Lire aussi : "Développer la pensée active"
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