L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Étymologie de "management"

D'où nous vient ce terme de management, et que contient-il ? On a l'habitude de prendre l'acception anglo-saxonne pour sens commun. En effet, le mot "to manage" signifie quelque chose comme "se débrouiller". Ce sens là est bien entré dans nos organisations et pas par la petite porte. On a aussi l'habitude de chercher quelques origines dans le vieux français et les mots "manage" et "manège" viennent en surface (le manège étant celui où l'on enseigne aux chevaux la marche, le trot et le galop à la demande). Ces deux acceptions portent le sens d'ordonner, d'organiser, de rendre plus amène et propice à l'usage, un peu à la manière du terme : "ça tourne, ou ça roule", que l'expression populaire retient pour dire que cela marche bien, que ça fonctionne... comme la marche d'un manège pour enfants !
La première fois que le mot "management" est apparu en France, c'est dans un article de l'Evénement Illustré, en 1868, assez récemment donc. De fait, ce mot de racine latine nous vient de l'italien où il comporte trois sens distincts. Ceux-ci peuvent nous parler vraiment et, cerise sur le gâteau, "manegiare" est un verbe transitif ("manegiarsi") apportant un quatrième sens des plus intéressants. Regardons cela de plus près.
Le premier sens, en italien, est celui directement issu de la racine latine, le "manu agire", le fait de faire à la main, le fameux coup de main que l'on retrouve dans l'expression "managiare la spada", qui veut dire "manier l'épée". Il y a du savoir, du savoir faire, du tour de main, de l'agilité, de l'expérience et de l'usage dans ce premier sens. Il est comme un fondement du concept de management.
Le second sens a rempli nos écoles de gestions. Il est cet art de "conduire une affaire", d'en maîtriser les détails, les forces et les contraintes. L'italien le prononce ainsi : "manegiare una faccenda". L'expression porte là tout le sens de planifier, diriger, contrôler, cher à Peter Drucker, un des "papes" du management dans les années quatre-vingt et suivantes.
Le troisième sens s'approche de ce style de management montant depuis quelques années, que l'on nomme humaniste, avec cette connotation d'intelligence collective. Il est aussi présent dans les modes et manières de l'hollacratie, de l'entreprise libérée, voire aussi du co-working ou encore de la sociocratie. La liste n'est pas exhaustive. Bien qu'application et processus peuvent se distinguer, le fondement de la démarche est le même. L'expression italienne "manegiare un cavallo" (conduire un cheval) l'illustre fort bien. 
Comme dans le développement des couples d'intelligence collective, il s'agit là de développer le binôme  "homme-cheval", de manière à ce qu'il réalise ce qu'aucun des deux ne saurait réaliser seul. C'est, par exemple, le cas du saut d'obstacle où le cavalier ne saurait jamais réaliser seul un tel parcours, surtout dans un temps aussi court. Le cheval, de son côté, ne s'intéresserait pas à cette gymnastique et pourrait la prendre dans d'autres sens et sans cadence. Le résultat serait tout aussi improbable. Si le cheval apporte la puissance et la justesse, le cavalier s'occupe de la cadence, de l'ordre et du sens du parcours. Il intègre également l'optimisation des pas de sa monture entre les obstacles. Les deux s'occupent de leur entente, chacun à sa manière.
Si l'on transfère ce sens dans nos organisations, il devient l'articulation du couple homme-organisation (et le mots homme est pris à son sens générique et neutre d'être humain). C'est là toute l'approche que Fritz Roethlisberger a développé dans les années 60 et 70 avec ces cours à Harvard de "organisational behavior", traduit malencontreusement en français par "comportement organisationnel", expression peu intelligible, au sens relativement abscons. Il s'agit là de comprendre la relation d'interdépendance et d'inter-influence entre le comportement des individus et celui de l'organisation, afin de faire avec, en optimisant le couple. Ce sens là est aussi celui de l'articulation entre tous les gens et toutes les parties d'une organisation : on retrouve là, cette fameuse manière de travailler ensemble en développant une intelligence collective (pour l'image, il est loisible d’affirmer que le “produit” est bien supérieur à la somme de chacun).
Et puis il y a la cerise sur le gâteau, cerise que l'on gardera en bouche et pas seulement pour le plaisir : ce verbe transitif, "manegiarsi", signifie "s'évertuer à"... On pourrait alors en déduire que le management est une science dont la mise en oeuvre est un art. Si c'est là le sens profond du management, je me demande comment nous avons autant dévié de la cible...


Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 21 novembre 2017




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