"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Sur cela, nous avons la main et c'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce, chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite.

Question de sens (18 11)

Je me souviens avoir enseigné le management en grandes écoles et universités. A l'époque, j'affirmais que la question du sens était au cœur de celle du management. Mais je comprends aujourd'hui que ce n'est pas le seul domaine où cette dimension s'impose comme centrale et incontournable. Donner du sens à sa vie, à soi, à son existence, au monde qui est là, à ce qui nous arrive, est au plus profond de nos nécessités. Et pour cela il importe de rattacher ce sens à ce qui est plus grand que nous, à la transcendance du monde. Faut-il encore concevoir, imaginer ou reconnaître cette transcendance ? Est-elle au cœur de nous même ou extérieure à nous ? Premier point, sur lequel il est bon de s'accorder : la transcendance, et sa définition. Opposée à l’«immanence», ce terme désigne ce qui dépasse “absolument”, et est d'une autre nature qu'un domaine de référence déterminé. Au Moyen Âge, ce terme qualifie “dieu”, et se confond avec l'absolu. Plus prosaïquement, la transcendance peut se définir comme notre dimension intérieure réalisée.

En revenant, nous pouvons affirmer que, fondamentalement, il n'y a de réalité que mon rapport au monde. La "chose" ne préexiste pas à ma relation à ladite chose. L'objet est mon rapport à la chose. Comme l'écrivait Schopenhauer, la réalité est un objet pour un sujet qui la regarde. Si le sujet s'en va, l'objet disparaît. Comme le précise la physique quantique, c'est l'observation qui détermine l'objet.

La vie n'est pas ce qui nous arrive, mais bien tout ce qui démarreà partir de nous, et donc de nos perceptions. Il s'agit bien, ici, d'inventorier ce que nous projetons depuis nos désirs, nos attentes et notre conscience. Ainsi, convient-il d'avoir déjà le courage de nous voir tel que nous sommes… Complément indispensable, il nous faut aussi savoir nous accueillir, nous accepter, nous aimer, tout en favorisant ce nécessaire laisser faire. C’est ce même “lâcher prise” qui va permettre à la vie de se réaliser vraiment.

Le monde occidental néolibéral et matérialiste, tel qu'ilest”, ne connaît et ne reconnaît que ce qui se touche, se mesure et se compte. On peut y associer une ignorance profonde de la puissance de l'esprit et des dimensions symboliques ou imaginaires. Dommage qu'en plus, cette ignorance le rende prétentieux, enfermé dans les croyances et les certitudes d'un monde limité, sinon “fini”...

Ce que je constate du monde n'est que le reflet de ma vision intérieure. Penser créée ! Ce que critiquent les gens c’est nécessairement une part d'eux-mêmes. Ce que l'on condamne donc, s'installe contre soi, en opposition et en résistance à nous-mêmes. De la même façon, ce que l'on souhaite ou “bénit, va arriver et se produire... En fait, tout ce que l'on vit et ressent au cœur de soi se manifeste. Arrêter de "réagir" (cerveau reptilien) pour "répondre" (état de conscience), voici comment passer de la réaction de peur à la réponse lucide. Voilà qui constitue un projet d'être!

Notre imagination est un dieu créateur opérant en nous, à travers nous et pour nous, dans la mesure où l'imagination crée la réalité. Il n'y a aucune distance entre le désir et sa manifestation. Le pouvoir de la réalisation est dans la conscience de la présence. Sois là, juste là, présent et conscient de ce qui se passe, de ce qui est. Imprègne toi de cette présence, et tu sauras ce qu'il va advenir... Pour ce faire, ressens la réalisation achevée. On est, et devient alors, la porte ouverte par où tout afflue dans notre vie. Comme certains l'ont déjà dit : tout est accompli.

La pratique des trois portes consiste à imaginer bien présente la porte du présent ouverte sur le passage des bienfaits, la deuxième fermée : c'est la porte des méfaits ! Quant à la troisième, elle est ouverte en grand ! C'est là que l'on retrouve la porte des désirs réalisés. Eh oui, elle est déjà grande ouverte, et vous l'avez passée dans un état de grâce accompli, sans même y penser. Nous voilà en pleine gratitude, car, à ce moment, tout est réalisé... C'est à partir de là que je décrète la réalité telle que je la conçois. Je suis ce que je suis.

Dans mon village quercynol, nous nous retrouvons à quelques-uns autour d'un verre, plusieurs fois dans l'année pour réfléchir ensemble à ce qui nous occupe ou préoccupe. Nous appelons ce moment "L'atelier des pensées". Un moment, dans l'après midi, durant environ quelques demi-heures, nous traitons librement de ce qui nous dépasse, comme "l'amour", "La peur", "Le bonheur". Ce peut être aussi le "Vivre ensemble", "La mémoire", "Les croyances", "Pourquoi accepter la différence", "bien vivre son rapport aux autres", mais aussi "L'IA", "La démocratie", etc. Il n'y a pas de compte rendu. C'est juste un partage pour ceux qui sont là. Ici, personne n'a raison ou tort. On partage, on réfléchit ensemble, et ce qui nous dépasse est donc bien identifié, sous la forme suivante : “ce que nous sommes encore capables de… produire !”... D'où cette question de “sens”, qui ne me lasse jamais, voire nous laisse pourtant… “interdit” !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 18 novembre 2025

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Faut-il combattre ceux qui nous contraignent ? (11 11)

La réalité sociale se répète à l'infini. Les cycles de soumission des plus pauvres et de domination des plus riches est constante. Rien n'efface ni n'arrête la confiscation des pouvoirs par les plus fortunés. Ce sont eux qui phagocytent les moyens. A l'intérieur du processus, on retrouve toujours, et sempiternellement, ceux qui ont de l'influence comme actuellement par les médias qu'ils possèdent. Edward Bernays a tout à fait compris la puissance et l'efficience de la fabrique du consentement. Il en a publié aussi bien la méthode que l'exégèse dans "Propaganda" en 1928. Ce titre est devenu le livre de chevet de nombre de totalitaires, comme Goebbels, par exemple. D'autres en ont tiré des enseignements contre le totalitarisme, comme Noam Chomsky.

Mais l'âme de Bernays était noire et ses conceptions particulièrement matérialistes, cupides et néolibérales. Ses autres œuvres en témoignent. L'intention qui fait le moteur du monde dépend de nos représentations du-dit monde, et de soi dans ce monde. C'est de là que surgissent intérêts, goûts, priorités et objectifs personnels ou collectifs. C'est bien de celà qu’il s'agit ! Quant à changer le monde, personne ne s'en occupe vraiment. C'est justement aussi pour cela que j'écris et publie.

Dans ces conditions, l'alternative est la suivante : faut-il ouvrir le combat pour éviter de se laisser faire,... à moins que l'on admette que tout cela continue ? Nous choisirons le premier terme, et la logique rationnelle nous y invite. Nous ne prendrons toutefois pas de front la situation ! La stratégie et les sagesses anciennes nous proposent plutôt l'art de la "muléta", et donc plutôt l'art de l'esquive que l'affrontement. Dans ce dernier, il y en a toujours au moins un qui meurt. Et comme nous espérons que ce ne soit pas nous, nous avons tendance à y réfléchir à deux fois. J'avoue, en l'espèce, me sentir parfois vraiment partagé.

Que nous disent ces sagesses anciennes ? Le bouddhisme nous invite à considérer le karma. On nomme ainsi cet écho de l'univers qui renvoie les conséquences aux auteurs des actions en cause. Le Zen nous renvoie au wuwei, cet art du non combat qui, loin d'être une absence de réaction, se présente comme le "non agir". Cette option propose de laisser l'univers s'en charger. Il s'agit ici de "suivre le flux naturel des choses (voire l'ordre cosmique originaire) sans le perturber ni tenter de le modifier". C'est ce que décrit le taoïsme, sous la plume de quelques observateurs et exégètes. Dans cette posture, il s'agit aussi de laisser l'univers se charger de la tâche. En effet, comme nous sommes tous (et c'est vrai pour “l'ensemble”) reliés dans un "grand tout", il s'agit de laisser ledit univers agir selon la conscience universelle. C'est aussi ce que l'on croit comprendre de l'enseignement de Joshua, dit Jésus, dans son invitation à tendre l'autre joue.

Je pense également à cette démarche dite "non violente", que j'aime à nommer "en paix", qui a des origines diverses comme dans l'anabaptisme. On peut aussi raccrocher cette notion à tous les christianismes, en référence au sermon sur la montagne.

Le rapprochement avec les enseignements de Joshua, dit Jésus, est rappelé par le pasteur Adin Ballou, adepte du socialisme libertaire. On retrouve cette même association d'idées dans l'œuvre de Léon Tolstoï, développée de façon analogue par Gandhi, Martin Luther King, ou Nelson Mandela. Elle est aussi présente dans la théorisation de Lanza del Vasto, de Marshall Rosenberg et de bien d'autres adeptes aussi prolixes que bienveillants. Les sources patentes sont nombreuses, variées et diverses mais convergentes, jusque dans les actions internationales d'associations comme Mocica. Je pense aussi à toutes ces démarches dites "spirituelles" qui invitent à des pratiques concrètes, lesquelles "modèlent" le cerveau pour favoriser la lucidité, la paix et la compassion. Dont acte.

Toutes ces démarches ont en commun un fait : affirmer et soutenir que la paix est bien plus puissante que la violence quelle qu'elle soit. D'autres affirment avec aisance que l'amour est plus fort que tout ! Nous avons connu le mouvement hippie et celui des beatniks, tous deux adeptes de liberté, de bienveillance et d'amour de l'humanité. Si les forces de l'ordre les ont maltraités, ces mouvements n'ont provoqué aucun conflit et c'est déjà là une belle victoire. Ces mouvements sont à l'origine de bien d'autres expériences comme celle des communautés libres ou libertaires, ou encore autonomes. Ces militants pragmatiques ont réalisé des micros sociétés qui rebâtissent à côté de la société mortifère néolibérale le monde qu'ils espèrent. Et ces petits mondes prospèrent en toute discrétion jusqu'à ce qu'un jour ils soient suffisamment importants pour faire foi et loi.

Je pense aussi à tous ces individus bienveillants sans aucune étiquette politique ou religieuse, qui promeuvent la force de l'amour et de l'intuition à travers leurs travaux habituels. Je pense à Einstein, Carl Jung dont il était un ami, à Nelson Mandela, à Martin Luther King, à Gandhi et à bien d'autres moins célèbres qui, au quotidien, répandent cette force de paix et d'amour juste autour d'eux, sans tambour ni trompettes...

Chacun en connait et en a connu et nous nous sommes trouvé heureux en leur présence. Je repense pour ma part à ce moine ermite, Emmanuel de Floris, à Alberi, mon professeur d'italien, à l'abbé Perri, directeur de notre collège et lycée, à cet anarchiste, ancien combattant au Vietnam, réfugié sur le Larzac, à mon si bienveillant relecteur, Jacques Campargue très investi dans une célèbre communauté d'Emmaüs mais pas seulement, etc. Il en existe bien d'autres encore, et je suis convaincu que chacune et chacun élargira cette trop courte liste.

Ce monde est en marche. C'est bien là que les victoires se préparent dans l'ombre de l'intime et des relations de proximité. A chaque contrainte correspond une réponse bienveillante, car ceux que je combats deviennent des adversaires, sinon des ennemis, alors que ceux que j'accueille et considère deviennent des partenaires. C'est bien ce que Gandhi a choisi face à l'Anglais trop ou très puissant... C'est aussi Antoine de Saint-Exupéry qui écrivit cette formule : “ Si tu diffères de moi,... loin de me léser tu m'enrichis”. Une sorte de centre de l’union humaine qui élève aussi les cœurs comme les esprits…

In fine, nous pouvons dire que l'amour et la paix sont des pragmatismes efficaces. Physiologiquement, ces variables viennent de ce que l'on nomme aussi le "cerveau du cœur". Nous savons que la pratique technique de la "cohérence cardiaque" lui donne la primeur pour équilibrer tous les systèmes de notre corps. Dont acte et merci Saint-Ex. !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 11 novembre 2025

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Un hypermatérialisme à notre insu (04 11)

Serions-nous à la croisée des chemins, face à ces nombreuses hypothèses d'un "vivre autrement" ? D'aucuns nomment cela spiritualité, pendant que d'autres les qualifient d’alternations philosophiquesSimultanément bien des discours et propos font mention de forces alternatives dans l'évolution de notre société. Je constate dans ces propos, la persistance d'une certaine obsession matérialiste. 

En effet, pour justifier de changements spirituels par exemple, nombre de ces propos mentionnent des ''causes des modifications''. Ils les évoquent ou les invoquent, jusqu'à y trouver une implication, allant jusqu'à des dimensions physiques. Elles peuvent être nommées ondes magnétiques, phénomènes ondulatoires, ou encore forces telluriquesD'autres se situent dans le domaine biologique, on retrouve ici les hormones ou autres processus physiologiques. Il y a là une sorte de contradiction, que seule pourrait excuser ce désir obscur de légitimation rationnelle. Dès lors le processus défendu deviendrait scientifiquement justifiable, explicable, et même prouvable.

J'ai, par ailleurs, pris l'habitude de lire quelques ouvrages et articles sur nos capacités cognitives, sur nos liens sociaux et la manière dont nous nous construisons autour d'eux. Cette réflexion m'occupe et nombre de mes articles en sont empreints. Cependant, j'ai du mal à entendre que nos réactions cognitives et émotionnelles seraient systématiquement dépendantes ou même liées à des réactions chimiques ou physiologiques. Je pense à la confiance en soi que l'on dit produite dans l'hypothalamus ou l'hypophyse, par exemple...

Si l’on parle de spiritualité, pourquoi lier systématiquement chacune de nos réponses à des actions ou principes physiologiques, matérialistes ? Pourquoi aussi les attribuer à des zones physiques déterminées, quand elles ne sont pas dédiées ? S'il s'agit de conscience, celle que nous savons hors du corps, pourquoi la justifier chaque fois matériellement ? C'est là, me semble-t-il, un symptôme profond d'inconscience ou d'ignorance. Quand je tombe sur ce type de propos, l'ouvrage qui les contiennent me tombe des mains. Cherchons plutôt les raisons et causes de la spiritualité dans la spiritualité elle-même, c'est-à-dire dans ce qui a trait à l'esprit, à la raison ou à l'intuition, à la symbolique ou encore à l'entendement.

Ainsi, la conscience, ou l'éveil, à mon avis, n'est pas une acquisition, mais un souvenir, un retour à notre identité profonde, à ce que nous avons toujours été. L'univers est au cœur de chacune et de chacun. Le bonheur est un choix, pas une récompense hormonale. Voilà un phénomène davantage lié à des représentations (intérêts, finalités, identités) qu'à des processus chimiques. Dire que l'on utilise nos capacités physiques, comme la respiration ou le bâillement pour calmer notre mental, me semble judicieux puisque nous "habitons" nos corps.

Au-delà, il y a une dépendance à des représentations matérialistes, très attachantes certes… Mais en faire les tenants et les aboutissants de nos vies me paraît aussi absurde que de supposer que le choix, le matin, de la couleur de notre chemisier ou de notre cravate dépend de nos hormones. Ce serait certainement là l'expression d'un esprit au moins… perfectible. L'association symbolique me semble en la matière bien plus légitime, réaliste et donc justifiée.

C'est là que commence la spiritualité entre égo et "moi profond", entre symbolique et constructions mentales, depuis l'influence sur la santé du corps, jusqu'à la construction de nos vies et de son objet. La spiritualité est une dimension idéelle, imaginaire ou conceptuelle, et elle n'est rien de plus. Son contenu, d'ailleurs, lui appartient...

Nous avons vu que les démarches de sagesse se développent sur deux voies, l'une rationnelle et matérielle, l'autre intuitive et mentale, celle que justement, l'on juge "spirituelle". La première vit dans le cerveau et fait les beaux jours du mental. L'autre est, dit-on, la voie du cœur, d'essence intuitive et émotionnelle. Mais comme nous sommes de cette première culture, nous la qualifions de scientifique. A partir de là, il nous est indispensable de justifier la seconde par les conditions de la première. Nous retrouvons bien, là aussi, un piège de l'égo...

Alors, laissons tomber cette démarche qui n'a pour objet que de satisfaire notre pseudo rationalisme, en ressassant inlassablement cet "hypermatérialisme raisonné". Contrairement à ce dont nous pensons”, et comme pour nous en excuser, rien de cela ne se fait jamais à notre insu. Bien au contraire, nous sommes là en parfaite lucidité, et pire peut-être, c'est en parfaite complicité que nous nous y soumettons. C'est bien nous qui portons cette logique de la raison souveraine. C'est donc bien à nous de lâcher prise, d'abandonner cette démarche de justification, afin d'accueillir ce que nous savons intuitivement être juste, bon et vrai. Et là, c'est un château de cartes qui s'effondre. Alors, revenons au fond des choses, à l'esprit des réalités, au cœur de notre humanité, là où se trouvent, et se retrouvent, l'univers et les dieux.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 4 novembre 2025

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Vers un animisme ordinaire (28 10)

Enfants, nous vivions dans l'instant présent, hors du temps de Kronos. Notre égo se confondait avec notre environnement, nous étions avec  ''les nôtres'', comme on dit. Il n'y avait là aucune aspiration au pouvoir, nous étions juste  mus par un amour profond et gratuit, heureux et en paix, avant de nous trouver,  plus tard,  peut être aspirés par le désir de possession. Le processus enclenché viendrait ensuite, inéluctablement. On retrouverait là tels ou tels plans, sur fond de cupidité, associés au désir de puissance. Nous voilà, dans ces conditions, alors conduits par des émotions basses. Les calculs et autres stratégies de gains ou de pouvoir viendraient un peu plus tard. 

Effectivement, pour l'heure, nos intérêts se trouvaient ailleurs. Bizarrement, dans notre culture, on ne reconnaît l'apparition de l'intelligence que dans la mesure où elle est  associée à la notion de stratégies. Pourtant, seule la créativité est fille de la conscience et de l'imagination, du lâcher prise et de la conviction. On dit toujours que seule la foi sauve, et que la providence nous accompagne chaque jour.

Néanmoins, lorsqu'on lit ou entend ce que Jésus demande à ses disciples, en l'espèce de "redevenir comme des petits enfants", on comprend bien qu'il leur suggère de reprendre le chemin de l'animisme profond. Aujourd'hui, la démarche consisterait à quitter cette religion fondée par l’empereur Constantin. En effet, cet empereur, avide de pouvoir et conduit par le projet politique de refaire l'unité de l'empire romain était trop enclin à soumettre le peuple dans la droite ligne d'un César. Constantin avait trouvé dans l'approche paulinienne les ingrédients dont il avait besoin pour arriver à ses fins : l'obéissance et le culte de l'effort, associés à celui de la rédemption par la souffrance, et des sacrifices de toutes sortes pour le bien de tous

Certes la démarche de Saul de Tarse, dit Saint Paul, est bien éloignée de l'enseignement de Joshua, dit Jésus qu'il n'a, selon toute vraisemblance, jamais rencontré ni même croisé. Jésus prêchait un amour universel, total et inconditionnel. Saul de Tarse, peut-être pour des raisons de carences ou d’incapacités physiques, se trouvait dans une tout autre “logique”. Le fait pouvait être liée tant à ses déficiences physiques qu'à ce goût du pouvoir et de puissance qu'il avait contemplés en tant que soldat dans l'armée romaine. 

C'est ainsi qu'il se complaisait dans la soumission et la souffrance à laquelle il avait trouvé un sens. En prônant cette rédemption par la douleur, l'obéissance et le sacrifice, il se trouvait en cohérence avec cet objectif. C'est aussi lui qui fit de la croix le symbole du christianisme. Jusqu'alors, il était représenté par le poisson et le partage, comme celui du pain. Un symbole d'amour eut été plus judicieux... (il faudra attendre l'idée du cœur immaculé de Marie ou celle du sacré cœur pour retrouver un peu de cette dimension)

Aussi, quand Joshua demandait à ses disciples de redevenir comme des enfants, il leur proposait de retrouver la confiance dans le lâcher prise, l'intuition et la spontanéité des plus jeunes, celle qui, justement, laisse poindre la conscience originelle de l'intuition et de l'amour. En effet, l'enseignement dudit Jésus n'est pas le christianisme paulinien repris par Constantin, mais le retour d'un animisme profond, joyeux, aimant et prospère.  

Alors vers où aller ? Vers la reconnaissance que nous ne sommes qu'une goute dans l'océan et que tout l'océan est dans la goute ? La physique quantique dit exactement la même chose. Il ne nous reste plus qu'à contempler ce fait et de s'en faire notre réalité profonde, première, fondamentale.

Cet animisme n'est que retrouver la trace d'un réel universel qui nous habite dès lors au plus profond de notre cœur. Il s'agit simplement de croire en son pouvoir de créer, d'aimer, de s'aimer et de remercier toujours encore et partout. Parce qu'alors, de surcroît, vient l'idée que tout adviendra...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 28 octobre 2025





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