L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Et si j'avais peur de ne pas exister (22 02)

Non, je n'ai pas dit que j'avais peur de mourir. La mort m'importe peu. Je la vois comme la non-vie, un autre chose, une absence, une contrepartie, un reflet... Non, je parle du fait de ne pas exister dont je m'aperçois quelque part avoir un peu peur à mon insu. S'il est vrai que nous n'existons que de l'autre, dès lors qu'il ne nous perçoit pas, alors le risque de la disparition surgit. Combien de personnes occupent l'espace des échanges, celui du discours, comme une hâte à combler un vide ? Pourvue que le silence de l'absence ne les envahisse pas ! Certes, je n'en suis pas là, mais une subtile sensation surgit à ma conscience.

Je me rend compte cependant que cette sensation m'occupe sournoisement, que nombre de mes actions consistent à être au regard du monde, à avoir l'idée originale qui me distinguerait, la parole qui me rend consistant, l'élégance d'être là, simplement présent. La présence au monde n'est-elle pas une posture ? Mais est-elle suffisante ?

Alors, qui suis-je ou serais-je pour présenter le risque de ne pas être sous quelques conditions ? Oui, j'ai pensé le concept "d'identation" comme une activité par laquelle nous passerions du temps à vérifier que nous sommes, et qui nous sommes. Pas forcément dans les regards des autres, mais au moins dans son propre miroir imaginaire, le "grand Autre", disait Lacan. Oui, l'identité ne serait pas un état, mais la conséquence d'actions, de faits la prouvant, au moins la faisant émerger, ressentir. Oui, il y a quelque chose de l'existentialisme sartrien, à ceci près que ce seraient bien les œuvres et les actions qui en témoignent, mais sans aboutir à une définition factuelle.

L'absence de ces sensations pourrait produire un quasi vide existentiel, comme une absence de preuve, de symptôme. Mais cette dimension existentielle est-elle bien réelle, voire fondée ? A savoir, qu'est-ce qu'exister ? Quel est le socle de notre identité ? Qu'est-ce que ce moi dont je me réclame et qui fait que je suis, agit, existe en différence d'autrui, du monde et de ses choses ?

En fait toute la question est là : qu'est-ce que ce moi dont je me réclame, que je réclame et prétends afficher au monde ? Voilà la question de fond qui résout toutes les autres, même celle de "l'identation".

D'ailleurs, comme me le fait remarquer mon philosophe de frère, "le mot 'exister', signifie, dans son étymologie 'être - hors du néant' (ex-sistere : être placé au-delà). C'est donc dès le départ une situation précaire. Il n'est donc pas surprenant d'en avoir peur lorsque l'on en prend conscience."

Alors, au-delà de cela, qu'est-ce qu'exister ? "Dans le regard de l'autre" n'est pas suffisant ni entièrement satisfaisant. Ceci évacue le principe de l'essence même des choses. Exister est-il simplement l'idée que je m'en fais, cette pensée créatrice, comme le propose une certaine philosophie new âge ? Cela pourrait paraître quelque peu hors-sol. Est-ce dans ce nom et ce prénom que l'on m'a attribués sans mon avis, comme une histoire, un héritage, comme une charge identitaire ? Ce serait bien trop aléatoire, étymologiquement "inapproprié" et bien trop court ! 

Si les sensations témoignent de mon existence, elles n'en sont pas non plus ni le point de départ, ni l'aboutissement. Les actes que nous posons en témoignent aussi comme des traces de notre "être là", mais ne disent pas qui nous sommes. Notre histoire singulière en corrélation avec la grande, ou celle commune, reste un assemblage de symptômes. Tout ceci n'est que l'impermanent de ce que nous serions, son incomplétude. Nous voyons aisément que le physique qui focalise l'attention de certains et certaines est tellement en perpétuelle mutation qu'il ne peut constituer une identité pérenne.

Alors, qu'est-ce qu'être ? Peut-être nous faut-il chercher ailleurs ce qui nous fonde. Mon philosophe de frère me suggère qu'exister réside dans ce que l'amour du divin nous donne. D'autres puisent l'identité dans l'utilité, comme s'il s'agissait d'une destinée. C'est ainsi qu'ils distinguent et catégorisent les plantes et les animaux, les uns et les autres, et le métier, comme au moyen-âge, devient une identité de lignée.

Ou alors faut-il accepter de ne pas être et bâtir ainsi une tout autre philosophie de la vie ? Nombre d'approches distinctes proposent une essence immatérielle, comme l'âme, l'esprit, ou la conscience. Pour les physiciens quantiques, cette "anima" serait une part de l'univers et y serait liée, partie prenante. C'est aussi ce que proposent nombre de sagesses ancestrales, comme le bouddhisme ou certains chamanismes et animismes.

Voilà que mon "moi" se dissous dans une vacuité invasive. Je ne sais toujours pas ce que je suis (et encore moins qui je suis) que déjà l'idée d'un lâcher prise m'envahit comme une réponse pertinente à une question apparaissant de plus en plus insaisissable, insoluble. Et si je ne m'occupais plus de ce "qui je suis" (ni de laisser une trace) pour juste savourer ce qui me l'indique : des sensations et des sentiments, des faits et des actes, des retours de miroirs dans les mots et les images, des aperçus et des imaginaires, des représentations et des récits ? Juste être là, comme dans une méditation, une contemplation, une observation. Je crois que l'on peut en rester là...

Alors cette petite peur sous-jacente de ne pas exister s'efface quand je lui prête mon attention, que je la décortique, que je l'accueille. Les activités pour la dissoudre n'ont plus aucun intérêt et l'activité "d'identation" devient superflue. Ce n'est pas la réponse à la question qui l'efface, mais l'accueil de sa vacuité. Comme dit l'humour de psychanalyste : "je n'ai toujours pas la réponse, mais maintenant je m'en moque profondément". Et si justement exister n'était qu'une sensation, une succession de symptômes d'être, sans ego ni revendication intempestive ? ...et si seulement exister était être présent au monde, conscient d'y être. Exister serait alors juste une posture de sortie et de placement hors du néant. Dont acte ? Dès lors, plus rien n'est important si non que de savourer, contempler ...

Alors, mes amis, je vous salue bien affectueusement,

Jean-Marc SAURET

Le mardi 22 février 2022


Lire aussi "Voyage au centre de soi-même"


Licence Creative Commons

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.