L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Pour une laïcité relationnelle totale (12 01)

Pourquoi parler d'une laïcité relationnelle ? D'où viendrait ce concept, cette expression ? Il se trouve que dans nos communications post-modernes dans ce monde néo-libéral de pure consommation, ce n'est plus la raison qui guide nos choix mais nos émotions et certitudes. Nombre d'entre nous ont succombé à cette escroquerie et ne font plus la différence entre une opinion fondée sur des impressions, des représentations, des émotions (comme l'envie et la peur), ou la question de l'appartenance (qui peut aller jusqu'aux conflits d'intérêts) et un point de vu fondé sur une approche rationnelle.

Corrélativement, points de vu et jugements sont fondés sur la raison (la lecture raisonnable des faits). Est-ce alors l'émotion qui devrait guider nos actes et nos appréciations, ou devrait-il en être autrement ? Certainement ! La raison serait-t-elle bien venue pour guider mes pas et mes choix ? Il va de soi que cette seconde hypothèse, ancrée dans le siècle des lumières et dans la modernité raisonnablement républicaine, s'impose.

Faut-il pour autant condamner les opinions et les ranger au placard des sentiments ? Certainement pas. La pensée et les croyances sont libres mais il est important pour nous de différencier ce qui relève de la raison, de ce qui relève de l'émotion ou des intérêts. Leur usage n'est pas le même.

Il en va de nos croyances comme il en va de nos émotions et appartenances. Je ne suis pas contre les traditions régionales et leurs langues. Je me sais bien occitan et je fais une certaine différence entre les spécificités des différentes régions de France. Je prends même un grand plaisir à savourer les particularités de tous ordres. Certes, nous savourons ces singularités culturelles, nous les cultivons et les partageons, mais en aucun cas elles n'entreront en ligne de compte en terme de décisions sociétales.

Dans tout ce qui relève de notre vivre ensemble, nous avons des règles et des lois qui bornent et balisent nos pratiques. De même, nous avons une totale liberté de croire à ce que nous voulons. C'est bien là l'avantage de ladite laïcité. Elle nous garantit à la fois le libre arbitre et la liberté de croyances et de goûts. Eh bien il en va de même dans nos échanges relationnels : nous avons tous et chacun le droit d'aimer et détester ceci ou cela, mais ces préférences émotionnelles, de goût ou d'appartenance ne sauraient entrer en ligne de compte dans une décision sociétale, légale ou de justice. Ce serait ce que l'on nomme "l'arbitraire". Avec lui, l'Etat de droit disparaît.

Ainsi je suis libre d'aimer et de préférer déguster un cassoulet, un Kouign-amann, une choucroute, un couscous, des endives au jambon ou un steak-frites, mais il serait aberrant de les classer par ordre de valeur, de goût ou d'en imposer un certains jours de la semaine. Ainsi, les goûts, les opinions, les émotions, les sensations et les intérêts sont bien de l'ordre du privé, du personnel. Chacun a le droit à ses préférences et il ne peut être légiféré dessus ni à partir d'elles ou à leur aune. Ceci nous paraitrait aussi stupide que d'élire le plus stupide d'entre nous, ou celui qui a le meilleur ou le plus mauvais goût. Cela n'a tellement pas de sens que des associations s'y essaient au titre de l'humour et de la dérision.

Ces derniers mois, lors des débats autour de ladite épidémie de la Covid, nous avons vu fleurir, en terme de propos, tout et n'importe quoi : des mélanges de genres insensés, des références à des procédures invoquant la science et qui jetaient des anathèmes à qui mieux-mieux, manipulant chiffres et références, s'accusant d'opinions erronées ou infondées, voire de mélange des genres. Il est grand temps de faire le tri dans tout cela et de donner à chacun les outils pour s'en prémunir et y remédier.

Déjà sortons des poches les conflits d'intérêts des uns et des autres de manière à dépolariser le débat. Tout sera, à partir de là, déjà plus clair pour chacune et pour chacun. Laissons aux uns et aux autres le droit de croire à ses totems et d'éviter ses tabous. Nous avons vu fleurir des bouquets d'experts dont certains n'affichaient que quelques amalgames en termes de références. Ce sont les mêmes qui sont arrivés sur les plateaux par connivence, voire rapports d'intérêts. Aujourd'hui clarifier un débat devient très complexe. Quelqu'un peut affirmer que sa démarche est scientifique parce qu'elle procède par "randomisation en double aveugle",... ce qui assurément fait savant mais ne dit rien sur son utilité en la matière. On comprendra vite qu'un grand nombre d'études ne répondent pas à cette condition et que celle-ci ne sert que dans des recherches à long terme pour les laboratoires. Pire encore, ceux-ci ne s'y soumettront pas quand il deviendra urgent de répondre à un marché. Dont acte !

Certains vantent la nécessité d'un vaccin à l'aune d'un humanisme bienveillant ("C'est pour protéger les plus vulnérables"). Mais les mêmes n'informent pas sur la capacité dudit vaccin à empêcher les contaminations (ou pas). Ils n'informent pas davantage sur l'efficacité d'un vaccin avec un virus en perpétuelle mutation. Quant à une efficacité dans les cas graves, nous voici littéralement "hors champ". La raison nous a quitté dans ces débats là et la clarification des points de discussions n'est jamais faites. Faits, raisons, opinions et intérêts se mélangent allègrement ici dans une confusion apparemment profitable.

Prenons un exemple simple : le vaccin ! En premier lieu, le vaccin est-il prêt ? C'est-à-dire : répond-il aux finalités pour lesquelles il a été produit ? De même, répond-il à toutes les vérifications préalables et nécessaires en termes d'efficacité primaire et d'effets secondaires ?A ces titres là, peut-on se contenter d'une fiche publicitaire qu'un laboratoire pharmaceutique a produite ? La réponse à cette question s'avère cruelle : les effets secondaires seront pris en charge et indemnisés par les états. Cela signifie bien qu'il y a là une large part d'incertitude et que les vérifications préalable n'ont pas été achevées, voire même effectuées. Tout ceci m'apparait comme une manipulation déraisonnable.

Et si vous insistez pour en savoir plus, alors votre interlocuteur expert patenté change de niveau de discussion et vous affirme qu'il "se fera vacciner car on ne peut pas prendre le risque de contaminer les plus fragiles". Et la boucle est bouclée... En effet, nous ne sommes pas là sur le même niveau de réflexion, ni de débat. Dans la première partie nous débattons rationnellement et demandons des vérifications factuelles, comme les résultats des essais. L'autre option permet seulement, en fin de discussion, de produire une réponse de type émotionnel, c'est-à-dire une opinion qui n'a rien à voir avec la raison sur l'objet débattu.

Mais les conséquences de la confusion entre opinion et argumentation ne s'arrêtent pas là. Comme dans le combat clérical, la recherche de la vérité se heurte aux dogmes d'une pensée fondée sur des croyances et des intérêts. Dès lors, c'est l'arbitraire qui prédomine sur la raison. Ainsi, l'argument vaut pour toutes les lois écrites, édictées et votées. Dans ces conditions, un débat réputé "argumenté" de recherche de la vérité, se trouve conditionné au dictat de la croyance de quelques-uns, et pollué de surcroît par leurs propres intérêts. 

On n'hésitera pas à produire de faux rapports, de fausses études "bidonnées", à manipuler les chiffres, à changer les critères d'observation en cours de route, etc. La créativité, en l'espèce, s'avère sans limites... Quand on constate que, sous le regard du président de la république, des lobbyistes et des médecins se tutoient allègrement au sein du comité scientifique, quelques "doute" sur les finalités de membres dudit groupe (voire du comité lui-même) apparaissent. On ne s'étonne alors même plus des mensonges, contradictions et décisions absurdes qui en ressortent.

Ainsi, comme l'énonçait le philosophe Giorgio Agamben, "L'épidémie montre clairement que l'état d'exception est devenu la condition normale". Mais par quel stratagème nombre de gens n'ont-ils rien vu venir ? Le philosophe a très bien compris la démarche qui a consisté à la mise en place de mesures sécuritaires hors norme sur l'idée qu’il faut "suspendre la vie pour la protéger" (Tribune du 26 février 2020 "Coronavirus et état d'exception" dans le journal "Il Manifesto"), piétinant ainsi éthique et libertés. Giorgio Agamben poursuivait ainsi : "Il semblerait que, le terrorisme étant épuisé comme cause de mesures d’exception, l’invention d’une épidémie puisse offrir le prétexte idéal pour étendre (les mesures d’exception) au-delà de toutes les limites". La supercherie était-elle consciente, ou la confusion entre opinions et raison l'a-t-elle favorisé, voire permise ?...

Comme l'a si bien décrit la philosophe Hannah Arendt dans son analyse du totalitarisme, la soumission à l'arbitraire est un abandon de sa propre conscience des faits, de son libre arbitre, de sa raison et de sa responsabilité. Ainsi, sous le prétexte de choisir un moindre mal, les soumis choisissent le mal. La bureaucratie qui en découle devient inconditionnellement totalitaire. Voilà pourquoi le principe de laïcité est un rempart contre tous les totalitarismes montants, privés et communautaires. Ceux-là diront à leur procès, comme on l'a déjà entendu, "qu'ils n'ont fait qu'obéir". C'est bien aussi ce que nous vivons aujourd'hui dans l'arbitraire de l'opportune et prétendue crise sanitaire. Elle est devenue plus politique, favorable et dédiée aux intérêts privés, plutôt qu'orientée vers la protections des gens. Nous voilà bien sur une question d'éthique dans ce détournement d'objectif, voire du "bien commun".

Interdire de penser, cela s'est développé dans bien des milieux contre les citoyens critiques et autonomes, insoumis à la pensée politique dominante. Je pense aux professeurs et médecins, enseignants chercheurs d'université, avocats et lanceurs d'alerte. La liste n'est pas exhaustive ! Il s'agit bien là de ces personnes libres usant de la raison pour déconstruire les discours partiaux, utilisant leur libre arbitre pour partager l'usage de la raison contre la soumission volontaire (ou par peur) à la pensée dominante. On les a oublié...

Il faut, pour se prémunir contre le totalitarisme d'une opinion, d'un discours pervers, garder toujours cette laïcité en tête et continuer à raisonner en relisant les philosophes rationalistes comme Aristote, Anah Arendt, Foucault, par exemple, et se souvenir de cette qualification de la perversion narcissique par le psychiatre Paul-Claude Racamier, son conceptualisateur, : "Le pervers narcissique est celui pour qui un mensonge réussit vaut une vérité". Alors que la science progresse prudemment dans le débat contradictoire, le mensonge et la bêtise bousculent avec assurance.

Cependant, Platon, en son temps, regrettait déjà que les rhéteurs, grands acrobates du langages, l'emportaient trop souvent sur les vrais philosophes, sages chercheurs bien plus érudits qu'eux. La forme emportait déjà le fond. L'esthétique de l'opinion prenait le dessus sur la rigueur analytique. L'oraison péremptoire, l'absence d'humilité et l'arrogance certaine de l'imbécile sont plus spectaculaires que la discrétion de la sagesse habité du doute méthodologique. La vision actuellement binaire du monde, façonnée dans les outils informatiques, n'arrange rien...

On peut, pour se prémunir, dans les débats, requestionner son interlocuteur déviant, comme le fait le sociologue, le philosophe ou le psychanalyste par ce retour : "Qu'est-ce qui vous le fait dire ?". Et renchérir deux fois par un "C'est à dire ?" puis un "Mais encore ?". Même si la pratique est habituelle, elle reste particulièrement efficiente. Selon le vague ou la précision de la réponse, on aura la réponse et on pourra démasquer le faussaire. Attendez-vous alors à un verbiage "anathèmiste" et diffamatoire, usant des très pratiques mots-faux et définitifs de "complotistes" et "rassuristes". Ainsi plus besoin d'argumenter, la messe est dite... 

Ce n'est pas le monde qui a changé. Nous n'avons pas non plus changé de monde. C'est notre regard sur le monde qui n'est plus le même et ce à cause de l'introduction de données perverses et parasites, ces opinions d'intérêt, instillant la peur, modifiant les goûts et les croyances. Et tout ceci n'a rien à voir avec la raison. Si ça marche dans un sens, ça marche aussi dans l'autre. Le changement de regard nous appartient. Le retour à la raison aussi.

Oui, il nous faut bien distinguer les opinions, fondées sur les émotions, sur des intérêts et sur des croyances, des arguments fondés sur la raison et l'expérience. Pour cela, nous avons donc réellement besoin d'une laïcité relationnelle totale qui garantira tant le niveau de réflexion que la liberté d'opinions personnelles et le tri de ce qui peut être pris en compte dans le débat. Cette laïcité préviendra également, en tant que "rempart-déconstructeur", de la montée des totalitarismes toujours arbitraires. La raison est de l'ordre de l'universel quand l'opinion est strictement personnelle et privée. On ne mélange pas les genres, ni leurs usages.

Jean-Marc SAURET

Le mardi 12 janvier 2021

Lire aussi  "

Le bonheur, nouvelle religion totalitaire"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.