Toutes les actions que nous
menons, de manière individuelle ou collective, répondent à une vision première,
essentielle, fondamentale : "C'est pour quoi faire ?". C'est la
vision de ce que nous espérons qui dirige toutes nos actions. Nous ne faisons
rien pour rien, rien gratuitement. Il ne se passe d’ailleurs jamais rien pour rien non plus. C'est aussi la question de fond qui fait la spiritualité, cette quête en regain actuel. La quête est bien "Que faisons nous là et pour quoi faire ?" Tout est là, rien de plus.
Il arrive aussi que nous nous posions
la question : "Mais pourquoi ai-je répondu çà, fait ceci ou cela ?". Il y a
toujours une raison très profonde qui nous dirige : la fameuse "raison
d'être". Elle plonge ses racines dans nos valeurs personnelles et parfois
dans les choses que nous aurions à résoudre dans notre histoire, du moins dans
une posture construite à force d'achoppements avec le réel.
Nous savons qu'il est souvent
difficile de plonger dans les fontes de nos histoires pour y retrouver ce sens
de ce que nous sommes, que nous conduisons aujourd'hui, ce pourquoi nous avons conduit dans le
temps des actions que nous ne voulons plus aujourd'hui. Oui, nous avons
pléthore d'excuses à cela, mais fouiller vers les raisons profondes reste délicat et
sensible. Alors, nous entrons dans l’hésitation de la métaphore qui d'un coup,
parle juste et vrai. Justement parce que le commentaire met sur les actions et
les faits un éclairage dont nous n'avons souvent pas les mots.
C'est bien dommage car ce qui
nous porte est bien cette philosophie profonde faite de valeurs et de visions. Elle construit nos raisons
d'être et de faire. Ainsi, si nous voulons être sûrs de mener les bonnes
actions, la bonne démarche, nous avons intérêt à refouiller les fontes de notre être. C'est là que se trouve la source et aussi notre
capacité de révision de nos postures.
Il s'agit là de redonner à
l'acteur la maîtrise critique de ce qu'il est et fait. Faire cela relève aussi d'une
raison d'être, d'un humanisme pragmatique. Il m'habite et je le revendique. Alors
je vais faire l'exercice, juste pour mieux donner à voir de quoi il s'agit.
Il apparaît plus simple et plus
efficace de donner à ressentir des principes que de faire des
démonstrations toujours trop longues. Nous nous souvenons, par exemple, que le
song writer, ou troubadour, Bob Dylan a plus fait pour la popularisation des postures
pacifistes que tous les longs ouvrages et discours de politiques et théoriciens des années soixante. Voici donc, en quelques
phrases, la philosophie qui saura peut-être demain porter aussi vos actions de management des personnes et de vos
projets. Ceci concerne tout notre lien social, pas seulement le management des
entreprises et organisations dont il est empreint :
1. « Il n’est de richesse que d’hommes… (Jean
Bodin, philosophe, 1529-1596) ». Chacun(e) vaut chacun(e), quel que
soit son grade ou sa fonction.
2. L'entreprise
est vivante et le vivant est organique, alors que nous la traitons comme
une mécanique, la contrôlons plus que nous favorisons sa bonne santé, sa
croissance et son développement.
3. L'innovation
ne se décrète ni ne se commande, elle s'accueille.
4. L'institution
pérennise et la personne bouscule. C'est ça la dynamique de l'innovation.
Chaque employé est une aubaine.
5. Les
histoires que nous vivons, si nous les acceptons, façonnent notre richesse
humaine. Favorisez leur acceptation en donnant le droit à l'essai, voire à
l'erreur.
6. Ce qui
est conséquent n'est pas ce qui nous arrive mais ce que l'on en
fait. Montrez que chaque échec est une opportunité de progrès.
7. L'acteur
est la première cellule de la dynamique : développez son autonomie
fertile, plutôt l'accueillir que le contraindre.
8. Ne
négligez pas les signaux faibles et les approches paradoxales, car changer
son regard, c'est changer son impact sur le monde.
Alors, en application de ces valeurs, et d'autant plus qu'elles nous sont profondément ancrées, nous pouvons dire que nous
sommes des humanistes pragmatiques, fédéralistes libertaires et pacifistes
patients. Ici, pas de chef. Chacun prend en charge la totalité du quotidien, la totalité du
projet, parce que nous sommes tous et chacun co-responsables et interdépendants. C'est là le comportement habituel des "alternants culturels". Alors, sauver
la planète, défendre les agriculteurs du Burundi, les cultivateurs
brésiliens, les chasseurs-cueilleurs d'Amazonie ou de Java, appartient à chacun
d'entre nous. Qu'en faisons-nous ? Quelle est notre part ?
Il n'est pas utile de se soucier si ce que nous faisons est suffisant ou individuellement efficace. Je me rappelle la fable du colibri racontée par Pierre Rabbhi, ce philosophe agriculteur alternatif. Alors qu'un incendie ravage la forêt, le colibri va et vient depuis la rivière, apportant pour éteindre le feu quelques gouttes d'eau dans son bec. Le tatou lui fit remarquer l'indigence de son geste, s'interrogeant sur son utilité. Le colibri lui répondit "je le sais, mais je fais ma part"...
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