L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Le paradoxe de la cantine de la préfecture

Claude, Véronique, Nicolas et Catherine sont à table à la cantine de la préfecture. Ces quatre collègues administratifs ont l’habitude de se retrouver chaque jour à midi trente pour déjeuner. Aucun ne voit les autres en dehors du cadre professionnel de la préfecture. 
Habituellement volubile et expansif, ce midi, Claude est réservé. Le week end n’as pas été reposant. Il l’a passé à soigner son chat malade qui, malheureusement, n’a pas survécu. Il en a beaucoup de peine mais ne souhaite pas en parler. Il a un peu honte de montrer son émotion pour la perte d’un chat. D'ailleurs, il est habituel entre collègues de ne pas trop partager sur sa vie privée ni sur ses opinions, une sorte de laïcité des sentiments et des opinions.
De son côté, Catherine n’est pas non plus très bien dans sa peau. Il y a un conflit de leadership qui l’implique dans la section locale du parti politique auquel elle milite depuis des années, mais elle n’a jamais fait état de son appartenance à ses collègues, laïcité politique oblige.
Nicolas, qui pensait pouvoir développer une aventure avec sa voisine, à l’insu de leurs conjoints respectifs, vient de se faire éconduire. Véronique, comme à son habitude, s’ennuie.
« Tu ne dis rien, Claude ? » interroge Catherine.
« Non, je n’ai pas bien dormi… Sûrement quelque chose qui n’est pas passé... »
« Quelque chose que tu as mangé ? » Questionne Véronique.
« Oui, j’étais chez des amis, samedi soir… ». Il n’y a cependant rien de vrai dans ce commentaire et les assertions de Claude se sont succédé à l'aune de ce que suscitaient les questions de Catherine.
« Eh bien tu peux changer d’amis. C’est là une bonne raison, non ? », réagit Nicolas, le sourire en coin.

Tous les quatre rirent exagérément, comme de bon cœur.
« Tu as raison, En France, faire mal manger est un casus belli ! » repris Claude en riant.
« La prochaine fois, vaut mieux que ce soit toi qui les invite » glisse Catherine
« Tu parles ! repris Nicolas à la volée, Là ce sont ses amis qui déclarent la guerre ! »
« Dis que mon épouse cuisine mal ! » relance Claude dans un large sourire, et ils re-rirent tous exagérément, comme de bon cœur. Et puis, dans un silence convenu, ils replongèrent leurs nez dans leurs assiettes. Avant que le silence ne devienne pesant, Véronique lance :
« Vous avez vu le costume de Jean-Paul ce matin ? Il a une tâche au coude… Il ne s’en rend pas compte ou il s’en moque ? »
« Surement un peu des deux… » reprit Catherine. Mais personne n’avait de bonne raison de dire du mal de Jean-Paul et le silence retomba.
Comme pour tromper son ennui, Nicolas regardait à droite, puis à gauche et croisa le regard de Véronique que son mouvement de tête semblait interroger.
« Tu as vu que Daniel et Françoise déjeunent ensemble ?... » lança-t-il.
« Ils ont aussi mangé ensemble la semaine dernière… » répondit Véronique laconiquement et personne ne reprit car personne n’avait envie de montrer qu’il ou elle avait vu qu’une idylle nouvelle et compliquée semblait naître là sous leurs yeux… et, comme ils n'avaient aucun de bonnes raisons de dire du mal de ces collègues, le silence retomba à nouveau. Comme s'il s'agissait surtout ne pas s’en mêler…
« Bon, reprit Claude, je vous offre le café ? »
« Ah, ça c’est une bonne action ! » lança Nicolas et tous reprirent à rire exagérément, comme de bon cœur, car personne ne voulait donner à voir de son petit monde intérieur, mais avait tant besoin de la présence des autres dans ces temps douloureux, difficiles ou ennuyeux. Alors chacun se conformait à jouer le rôle convenu et lisse du bon collègue... et pourtant chacun savait qu'il perdait à ce jeux idiot sans oser jamais en briser le confort. Vous reprendrez bien un sucre ?
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 3 mai 2016


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