L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Coacher n'est qu'une question de posture

Comme pour nombre de métiers ou de professions, nous avons tendance à penser que le coaching repose sur des techniques particulières et que se sont ces techniques qui font le professionnel, le talent et l'expertise. Nous savons que certaines personnes ont plus le profil que d'autres pour exercer telle ou telle activité, que celui-ci ou celle-là a davantage l'esprit du métier et de sa pratique. Quand j'avais dix-huit ans environ, j'ai appris la taille de pierre. Il me semblait que ce qui déterminait une bonne taille était le bon angle du ciseau ou de la chasse et le bon impact du maillet. J'appris très vite que ce n'était pas aussi simple et qu'il fallait tout d'abord ne pas être pressé d'en finir et d'autre part qu'il fallait "sentir" le fil de la pierre pour adapter l'angle et la frappe des outils afin qu'ils enlèvent réellement tout et seulement le morceau que je visais d'évacuer.
De la même manière, quand j'ai commencé à faire du théâtre, je compris que la production de la prestation ne reposait pas sur la seule mémoire indispensable mais sur la manière dont on se voyait dans l'action, dans le rôle. Si la vision était bonne, elle guidait mes pas.
Quand je jouais avec les groupes afro-Jazz à mes débuts parisiens, je demandais à mes partenaires aguerris comment ils jouaient telle partie, comment ils interprétaient tel morceau, comment ils s'y prenaient. Ils me répondaient par "Joues !" et nous jouions ensemble et alors, leurs remarques et conseils étaient du type : "Tu es souple... Tu marches sur la pointe des pieds", ou bien encore "C'est ta soupe ! Défends là !", etc. J'avoue avoir été plus d'une fois déconcerté. 
Un jour j'allais répéter avec le musicien de jazz, Alan Sylva. J'étais venu avec une basse électrique participer à la jam session. Je tentais de m'insérer dans la vague musicale quand arrêtant le jeu, il se tourne vers moi et me dit : "Tu es un bugle ! Ok ?... " et la session repris me laissant un peu interloqué. Je me mis donc à imaginer que je jouais du bugle avec ma basse électrique... compliqué... mais je me mis dans l'image, dans l’impression puis dans le rôle et petit à petit je me sentis plus à l'aise, plus en harmonie. Allan Sylva me jeta un coup d’œil bienveillant. Ça lui allait mieux comme ça.
Dans chacun de ces exemples, mes interlocuteurs aguerris se moquaient de savoir si j'avais la bonne technique ou une autre ou quoi que ce soit. Ce qui leur importait est que j'ai la bonne posture, la bonne image de ce que je suis dans l'action pour accomplir ce dont ils avaient besoin.
Il me revient, et j'en ai déjà parlé, de ce prof de gym qui nous enseignait la pratique du rugby que nous jouions avec désordre et passion dans la cours de l'école. Il nous disait : "Quand tu as le ballon, regard où sont les intervalles entre les joueurs adverses et tes pas vont t'y conduire. Ne regarde pas les joueurs, tu vas leur rentrer dedans. Quand tu n'as pas le ballon, ne regarde que lui et tes gestes vont faire ce que tu dois faire". La vision guide mes pas, et cette vision, si elle est juste et appropriée façonnera la bonne posture qui me fera user des bons comportements, faire les actions justes.
Il me souvient avoir dit à un parterre de managers : "Si vous n'aimez pas les gens dont vous vous occupez, changez de métier !". Il me souvient que l'interjection a surpris. Et pourtant, ceci me semble important. Si vous avez la bonne posture de manager, bienveillant et attentif, centrés sur le résultat à atteindre et tout autant attentif à chacun des participants, tout se passera bien et vous réaliserez un bon management. Certains praticiens me disent : "Pour manager, il faut être né pour ça". Je n'en suis pas tout à fait certain, mais si effectivement vous avez la bonne posture dans l'action, vous aurez les actions justes.
Rien ne sert d'apprendre les procédures, les techniques et autres trucs et astuces car si vous n'avez pas la bonne posture vous ferez tout de travers. Réciproquement, si vous avez la bonne posture ne vous préoccupez pas si ce que vous faite est dans la saine doctrine. Les comportements seront juste et ce que vous ferez sera adapté. Travaillez donc la posture par un aiguisement de votre vision et tout sera parfait : vous saurez de suite ce que vous devez apprendre s'il y a lieux.
Ainsi, je rencontrais nombre de collègues coachs. Ils avaient pour la plupart appris les techniques d'accompagnement issues de l'écoute rogérienne, de la programmation neuro-linguistique ou de l'analyse transactionnelle. Ces techniques ne sont pas des sciences, et quand j'échange avec les praticiens aguerris, je me rends compte que ce qui leur importe est la posture de confiance, la posture relationnelle, la posture de non ingérence, celle modeste de "non-sachant" qu'ils développent afin que la relation de coaching soit efficiente.
Ainsi, j'ai croisé des coachs humbles et bienveillant, attentifs et curieux, amoureux des gens, pétrit d'humanité. Ils faisaient effectivement du bon travail. D'autres qui n'avaient pas intégré ce type de posture "ramaient" dans le métier, juste le temps de faire quelques dégâts...
J'ai croisé des managers modestes ayant développé ce que j'appelle une "laïcité posturale professionnelle", à savoir qu'ils savaient que ce à quoi il croyaient leur appartenait en propre et que les autres qu'ils côtoyaient et dirigeaient avaient d'autres croyances, d'autres piliers de certitude dans leurs vies. C'est cette ouverture tolérante et bienveillante qui produit l’accueil de l'autre avec toute sa singularité opportune. Dès lors, chacun, hors de tout jugement, pouvait se sentir libre et responsable, pouvait s'engager efficacement, se réaliser et réaliser les objectifs attendus, même mieux, même plus.
Alors, oui, coacher n'est qu'une question de posture et nous pouvons continuer la réflexion avec ce précédent article dont le lien est indiqué ci dessous.

Jean-Marc SAURET
publié le 8 septembre 2015


Lire aussi : " Le conseil cognitif, un coaching de coévolution "

1 commentaire:

  1. Bonjour Jean-Marc,
    +1
    C'est cette "intentionnalité" qui anime du bon travail.

    RépondreSupprimer

Vos contributions enrichissent le débat.