L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Le personnalisme est un humanisme

Ce qui distingue mon approche humaniste de l'approche personnaliste d'Emmanuel Mounier, ancrée dans la doctrine sociale de l'église catholique, est une variable, une caractéristique de sa conception de l’humain. Dans son essai « Communisme, anarchie et personnalisme », Emmanuel Mounier, propose  en 1966 une réflexion sur l’autorité qu'il appuie sur les travaux de la théologie chrétienne (cette approche semble réciproquement avoir inspiré la doctrine chrétienne de l’autorité). 
Il pose que, si la société était composée d’hommes justes, il n’y aurait pas besoin d’autorité. Et il pose aussi que les êtres humains naissent selon lui inachevés : ce seraient des êtres en devenir qui auraient besoin d’un appui pour développer leur humanité. C’est précisément cet inachèvement, qui, selon Mounier, fonde et légitime l’autorité (autorité qu'il distingue fort justement du pouvoir). Posant cela, Mounier qualifie aussi la valeur de perfection et la vérité comme une réalité intrinsèque sise dans "le monde" et faisant référence à l'humain, le tirant dans la transcendance d'une entité dominante.
C'est sur cet axe là que mon approche diverge. Bien que je partage cette orientation de la personne au service d'un développement social de l'autonomie fertile, et ce dans des postures bienveillantes, modestes et créatives, j'ai plusieurs fois montré mon attachement à l'approche constructiviste qui pose que la réalité n'est que la conscience que l'acteur, le sujet, a de ce qu'il considère, regarde, voit. Comme l'indiquait Arthur Schopenhauer, "il n'y a de réalité que la conscience que le sujet à de l'objet. Si le sujet n'est pas là, l'objet disparaît*".
Cette réalité, comme conscience du monde et qui constitue l'approche constructiviste, exclut la vérité comme objet du réel mais la pose comme un simple jugement sur la réalité (tout comme à propos de la perfection, d'ailleurs). La vérité n'est donc plus qu'une appréciation du sujet sur l'environnement, un jugement, une mise en lois et en forme de ce qui l'entoure, de ce qui le concerne. Elle est alors bien relative et n'a rien d'absolu. Pour que cela fût, il eut fallu que réel et réalité soient confondus, soit que l'essence précède l'existence, comme le pensait Bergson, voire même que l'existence précède l'essence, comme le pensait Sartre. Or, ce n'est le cas ni de l'un ni de l'autre. Ces deux "étant" sont de même nature, tous deux sis dans la conscience du sujet-regardant loti de ses croyances structurantes, et nulle part ailleurs. Que l'un précède l'autre n'a donc aucune importance. C'est ce qu'il indique qui fait réalité pour le sujet qui le pense. Ces étants ne sont pas dans le monde. Ils ne sont pas "vrais", pourrions nous dire allégoriquement. Ainsi, je demandais à mes étudiants de m'indiquer sur la photo d'un paysage où s’arrête la plaine et où commence la montagne... Difficile... La distinction est bien dans le regard et nulle part ailleurs.



La conscience constructiviste nous indique que nous sommes dans l'impossibilité de donner une existence concrète à cette dite vérité. L'orientation de l'autorité absolue tombe donc. Celle ci ne serait que la conséquence du débat, un accord momentané, local et ponctuel, des sujets sur l'objet. Cette conception de la vérité s'apparente davantage au concept de représentation sociale, une sorte de conscience collective circonstanciée. Elle ne demande donc qu'à être remise en cause, à l'instar de la démarche scientifique qui vérifie ses données à l'aune de l'expérience. On pourrait alors penser que la vérité s'ancre dans la culture, comme un repère, une référence, un horizon, une nécessité conceptuelle.
Débarrassé de cette dimension ô combien directrice, alors le personnalisme est bien un humanisme : chaque personne est porteuse de toute l'humanité, de toutes ses hypothèses. Ainsi donc, si l'humanisme est cette "préoccupation" de ce qui est primordial, l'humain, il ne peut être dépendant d'une volonté extérieure. Voilà donc que ce nouvel humanisme, conséquent de la pensée des lumières, ouvre la voie à un personnalisme de même aloi. Je m'en suis saisi pour repenser la question de la laïcité et je m'en suis saisi aussi pour réaffirmer que l'organisation relève du vivant et non de la mécanique ordinaire, celle là même qui a fait socle pour l'approche scientifique du travail.

 Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 30 juin 2015


* Ibidem (A. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, 1819)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.