L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

La contribution d'autres regards (18 07)

Il arrive bien souvent que nous n'entendons l'autre, et le comprenons, que depuis ce qu'il représente à nos yeux, et ce depuis notre propre symbolique. C'est à dire depuis la "case" où nous l'avons "casé". Si il en sort, nous ne l'entendons pas ou nous écrions que "ce n'est pas possible !". Et puis, un événement, une rencontre différente, une posture personnelle apaisée, nous fait rencontrer autrement la personne que l'on avait "casée" sur des a priori, ou quelques aperçus, et ce corrélé à des représentations stéréotypées du monde, des personnes, des gens et de tout... C'est bien là un véritable système.

Ainsi, je "rencontrais" sur la toile Philippe de Villiers, homme politique connu que mes représentations avaient "casé" comme pas très intéressant ni très intelligent. Je sais, c'est très bête de fonctionner ainsi, mais je n'étais jamais revenu sur les "étiquettes" accrochées aux quelques personnes qu'elles épinglent à mon propre insu. Il est bon, de revenir avec le regard neuf d'un enfant pour découvrir ces personnes que l'on imagine connaître. De fait, et a priori, nos approches courtes sont confortables et la rapidité avec laquelle nous en usons pour catégoriser et classer les personnes nous apparait alors malveillante, violente et stupide.

Je l'écoutais donc dans une interview inhabituelle pour moi puisqu'il n'y parlait pas de politique mais de culture et de projets. Sa vision du monde et des choses apparaissait assez finement et j'en fus surpris et heureux comme lorsqu'on rencontre quelqu'un pour la première fois et que l'on se découvre quelques accointance, fussent elles mineures.

Il posait quelques points de vue intéressants qui résonnaient avec des valeurs qui m'habitent. Je retrouvai notamment ce sentiment, quand il dit que "Le pardon est ce qui transforme le mal en nouvelle chance", phrase profonde qui m'interpelle. Un peu plus tard il posait que "Tant que la mort existera, la question de la vie se posera et tant qu'elle se posera, il n'y aura pas d'épuisement spirituel !" J'avoue que mon esprit s'est alors mis à gambader plus loin encore...

Je découvrais une personne avec qui j'aurais moi aussi pris plaisir à partager, à discuter, bien qu'a priori nous ne soyons ni du même monde, ni dans les mêmes choix politiques et sociaux. Et comme il le dit plus tard, "On est plus fidèle à son tempérament qu'à ses idées !". Ceci me semble témoigner d'une sensibilité humaine profonde. Cela résonna en moi comme une évidente redécouverte de ma réalité.

Quand plus avant, il citait l'ecclésiaste ("Malheur au royaume dont le prince est un enfant."), je vis qu'il avait des références que je connais de par mon éducation même si je suis loin d'en user. Ce partage culturel me rendit plus proche et j'écoutais avec davantage d'attention son témoignage, son auto portrait. Notamment quand, plus tard, il partagea quelques éléments de son vécu rural : "J'entendais les trois appels du matin : le coq, l'appel à la vie de la nature, l'angélus, l'appel de l'âme à la spiritualité, l'enclume, l'appel physique au travail." C'était aussi là un sobre mais attentif portrait de quelques détails et "points de vue" sur la dimension humaine.

Je compris aussi que, même si nous ne serons sans doute jamais de la "même école", j'appréciais son témoignage philosophique, notamment encore quand il posa cet aphorisme : "Un peu de mépris économise beaucoup de haine..." ou quand il posait que "L'homme est comme l'arbre, entre l'humus et la lumière, des racines à la cime." ou encore que "La terre est comme la femme. On l'a respecte, on l'honore et l'on recueille son fruit. On ne la viole pas !". 

Quel n'a pas été mon étonnement quand il lâcha que "Ce sont les minorités qui font l'histoire parce qu'elles sont actives." Et là, j'avoue que ces quelques mots résonnaient en moi, venant bousculer et questionner quelques représentations sociales et personnelles que la poussière du temps avait quelque peu recouvert. C'est en quelques mots toute la dimension de la psychosociologie et des représentations sociales chères à serge Moscovici et Denise Jodelet que j'avais eus pour professeurs à l'EHESS.

Quand plus loin il proposa que "dans chaque chose, n'oubliez jamais de vous demander pourquoi", je compris que je n'étais plus un spectateur ordinaire mais un écoutant actif et que mon tour venait... 

Il me revenait alors quelque chose qui m'habitait depuis longtemps comme un pilier de mes perceptions et analyses, de mes comportements aussi : nous ne sommes pas seulement des êtres de chair, avides et consommateurs, mais des êtres de cœur, de raison et d'esprit qui vibrent de sentiments, de réflexions et d'intuition, et que l'essentiel est certainement là.

Depuis, je prends le temps de regarder et d'écouter avec patience et attention, comme enfant j'ai pu le faire, sans ego ni certitudes, perpétuellement à la recherche de ce qui est, prêt à se faire surprendre, prêt à l'émerveillement, prêt au bousculement. 

Je me souviens alors que le docteur Jean-Jacques Charbonnier parle de la conscience intuitive extra neuronale totalement évidente. Elle s'avère bien différente de la conscience analytique inscrite tant dans le langage que le construit conscient. Dès lors, bien des conceptions remontent dans mon cœur et ma conscience, venant fleurir tout ce que j'entends et écoute... 

Peut être, voir sans doute, je ne voterai pas comme le vicomte de Villiers, et cela n'empêche pas d'écouter cette partie de l'homme pris dans un registre inhabituel et inattendu. Bien des rencontres incongrue, s'avèrent être alors des contributions d'un autre regard, enrichissantes, si même parfois déroutantes. Encore faut-il rester réceptifs et bienveillant quoi qu'il en soit pour que l'enrichissement se fasse. Saint-Exupéry avait écrit : "Ta différence, mon frère, loin de me léser, m'enrichit".


Jean-Marc SAURET
Le mardi 18 juillet 2023

1 commentaire:

  1. Cela me semble si juste mais pose la question du point de départ. Qu'est ce qui en mon fort interieur me prédispose, m'incite à accueillir l'autre et à chercher une voie d'existence partagée ? Surement doit il y avoir une ou des synergies communes pour exister ensemble. En ce qui me concerne (et je n'impose rien à personne ici) , je crois qu'il faut des valeur élevées profondément justes qui nous conduisent à modifier nos à priori. Se pose donc pour chacun la question de ce qu'est la spiritualité ?

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