L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Le néolibéralisme nous offre la porte de sortie (18 04)

Dans cette société, tu as droit à tout mais accès à rien. Il te reste le rêve et l'envie, parce que c'est ça le moteur du capitalisme postmoderne. C'est une politique du désir, pas de l'avoir ni du bien être. Il s'agit d'une politique de la frustration qui excite sans permettre d'assouvir quoi que ce soit. C'est aussi là une vision du sociologue Michel Clouscard dans les années soixante-dix. Un jour le libéralisme a cessé d'être conservateur et normatif pour se glisser dans une seconde peau libertaire. C'est là que se situe la révolution petite bourgeoise des étudiants supérieurs en mai soixante-huit, ceux qui ont mis le libéralisme à la forme de leurs exigences de libres consommateurs. Ceux-là savaient qu'ils auraient les moyens. On les retrouve plus tard comme cadres supérieurs du système. Je pense à Daniel Cohn-Bendit,  député européen et patron de presse, comme Serge July d'ailleurs, à Jacques Sauvageot, historien de l'art, ou à Alain Geismar, physicien et inspecteur général de l'Éducation nationale... 

Pour les autres, autoriser l'illusion de l'inaccessible est là tout ce qu'offre et propose le néolibéralisme. Il n'est pas fait pour un peuple de "gens qui ne sont rien". Pour ceux-ci, le rêve est aussi grand que l'illusion et le mur est juste derrière. Voilà le nouvel esclavage volontaire : désirer, seulement désirer.  

Parce que la transgression est innovante et la soumission conservatrice, à cela, j'entends, comme une réponse, l'invitation de Cindy Phan, conseil bouddhiste : "J'agis selon le monde que j'espère... et que j'incarne". C'est bien parce que nous avons à le réaliser que nous avons à lâcher prise sur l'illusion de désir de consommateurs et dès lors vivre notre monde intérieur de personnes libres. En comprenant la supercherie du néolibéralisme, on peut considérer que celui-ci nous ouvre alors la plus belle des opportunités : lâcher le désir pour l'être, changer son regard sur le monde et ainsi le transformer dans la mesure où nous agissons à son contre sens.

Nous savons que le désir n'est pas le plaisir et que le plaisir n'est pas le bonheur, loin de là. Au mieux, le désir se nourrit de lui-même et la jouissance est la perspective du plaisir mais toujours pas le plaisir. C'est à peine son seuil, l'idée qu'il est là à portée de main, derrière la porte. Voilà toute la promesse néolibérale. C'est tout...

Si le monde néolibéral ment, triche et manipule dans l'irrespect le plus profond de l'autre devenu objet (ce qui est le propre de la psychopathie), nous savons qu'y répondre sur le même registre lui accorde de la présence et le fait davantage exister. Alors l'ignorer est le chemin. C'est le regarder pour ce qu'il est, c'est à dire rien qui ne nous concerne. A la condition de garder sur la table et dans le viseur ce monde qui nous habite, fait de bienveillance, d'amour et de paix. C'est l'endroit où se trouve l'essentiel : c'est à dire l'âme profonde du monde. 

Je vois là ce geste du toréro avec sa "muléta" (mon analogie s'arrêtera là, bien entendu). Tout ce qui peut me tuer et dont je ne veux pas, je le laisse venir dans la muléta et l'y laisse. C'est un geste de captation et d'évitement. Je sais qu'il y a un combat contre moi, une agressivité que je n'ai pas voulue et que je ne veux pas, une manipulation psychopathique. Je la canalise au lieux de l'affronter, d'y répondre et de faire la guerre. Je renvoie à la communication bienveillante (en paix), communément nommée "non-violente". On pourrait aussi prendre le principe des arts martiaux comme l'Aïkido où le mouvement et la force de l'autre sont pris en compte et accompagnés pour le laisser tomber de et par lui-même. 

On appelle aussi cela "danser avec l'adversaire". C'est l'art de l'accompagnement. Je repense à ce boxeur extraordinaire, Ray Sugar Leonard, affrontant de cette manière en 1987 le très puissant et dangereux Marvin Hagler. Lors de ce combat celui-ci n'a jamais pu l'atteindre et a perdu le match.

Nous savons que, là, rien ne peut ni nous atteindre ni nous nuire. Ainsi, répondons comme nous avons à le faire puisque nous avons compris la manière de faire ! Si l'émerveillement est un outil de sagesse, il est aussi une puissance créatrice. Installé au fond de soi-même, nous sommes avec l'univers et les dieux. Méditation, sophrologie, autohypnose ou contemplation sont les mêmes chemins vers la rencontre du monde profond, là justement où se transforme la puissance des choses, et se révèle celle de l'univers. 

La trahison du néolibéralisme est bien d'avoir substitué à notre envie de vivre, un désir de consommation, celui qui conduit à la frustration, installe cette illusion de liberté, ce véritable enfermement manipulatoire. Pour lui, le mieux serait que nous en soyons désireux volontaires. Nous avions lâché notre statut de citoyen pour celui de consommateur avide, dépensier et dépendant. Pourtant, nous voulions simplement la liberté profonde de choisir vraiment nos vies en connaissance de causes. Nous avons juste besoin d'ouvrir grands les yeux, comprendre ce qu'est ce monde et ses modes de faire. Alors, connaissant le monde qu'on espère, vivant au fond de soi, cette conscience nous apporte puissance et sagesse. Nous ne serons plus jamais dupes.

Nous verrons que les réponses du néolibéralismes, les choses qu'il nous propose, ne viennent pas du monde du vivant mais d'une élite dominante que ça arrange bien. Mais relisons Michel Clouscard, écoutons Cindy Phan et continuons notre chemin en toute clarté et pleine conscience. Il s'agit de voir les enjeux et les intérêts des uns et des autres, non pas pour les combattre, mais pour détourner nos pas et notre regard, notre propre intérêt, nos occupations, afin de nous recentrer sur l'important : notre moi profond et toute sa puissance que l'on appelle "le monde intérieur universel".

Les néolibéraux ne sont ni stupides ni inconscients. Ces gens là savent parfaitement ce qu'ils font dans des stratégies utilitaristes pertinentes. Nous avons à les regarder comme nous regardons les prédateurs et leur démarche logique. Puisque nous ne sommes ni des proies, ni des victimes, que nous n'accepterons pas ces rôles absurdes, nous serons la réponse obligée au moins aussi pertinente, puissante et sur des approches affirmées. Mieux que résister, nous bâtissons à côté le monde meilleur alternatif, sans même écouter l'autre s'effondrer..

Pour ce faire nous avons à croire en notre monde intérieur, en nos valeurs solidaires de bienveillance et d'altruisme, en nos essentiels logés au plus profond de nous même. Nous devons croire en la véracité et la réalité de notre propre monde intérieur, parce que nous ne sommes pas seuls. Quand bien même nous le serions, notre monde vivra et effacera l'autre, celui qui justement s'effondre sans qu'il ne puisse jamais nous toucher, ni nous entrainer dans sa propre chute. Il me revient cette image d'un western où un quidam dit à un colosse qui le menace : "J'aime bien les grands parce que quand ils tombent, ça fait du bruit." Certitude et conviction...

Jean-Marc SAURET
Le mardi  18 avril 2023

1 commentaire:

Vos contributions enrichissent le débat.