L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Non pas la "non-violence" mais "l'en paix"

Nous connaissons les apports importants que fit le Mahatma Gandhi sur la nature des relations interpersonnelles, groupales et politiques. Nous savons ses concepts fondamentaux, que ce soit sa désobéissance civile (la voix du Satiagraha) ou sa politique relationnelle de "non-violence". Depuis nombre d’adeptes ont repris le flambeau, comme Martin Luther King et Nelson Mandela. D'autres en ont développé diverses applications comme, par exemple, la communication "Non Violente". En cela fonctionne parfaitement. 
Cependant, la sophrologie et l'hypnose "éricsonnienne" nous indiquent que notre cerveau, dans son exercice inconscient, ne sait pas traiter les négations, c'est à dire les phrases négatives. Il n'en retient que le sens des mots juxtaposés, ce qui peut, en l'espèce, poser problème. Je pense par exemple à cette conversation où l'un dit : " Ce que tu dis n'est pas un mensonge". Ce à quoi l'autre répond : "Pourquoi, tu me crois capable de mensonge ?". De là, la conversation peut s'enflammer...
Ainsi donc, et à l'occasion d'un exercice injonctif, si la commande est de ne pas faire ceci ou cela, c'est bien justement celle que "l'impétrant" exécute. C'est un exercice que nombre de consultants font pratiquer, afin justement, d'atteindre cette prise de conscience. Il s'agit, par exemple, de conduire à la voix un candidat aux yeux bandés sur un parcours accidenté. Dans un premier temps les indications sont données sous la forme positive : "Tournez à droite. Baissez vous. Montez une marche. etc." Tout se passe alors simplement, et très bien. Dans un deuxième temps, les indications sont données sous une forme négative : "Ne tournez pas à gauche ni n'allez tout droit. Ne maintenez pas votre taille et surtout ne vous redressez pas. Ne butez pas sur cet obstacle. Etc." L'impétrant ne sais plus ce qu'il a à faire et, au bout de l'hésitation, il fait exactement ce qu'on lui demande de ne pas faire. Il tourne à gauche, se redresse et butte sur la marche.
Je comprends donc fort bien que pour clarifier et positiver certains concepts très utiles, pour leur conférer plus d'efficience, il sera très utile d'utiliser des termes positifs. Ainsi, à la "non-violence", après avoir cherché quelques temps le terme le plus adéquat, m'est apparu alors, de lui substituer celui de "en paix". En cette occurrence, nous pourrions avantageusement parler de communication en paix, de résistance en paix ou de "combats en paix", etc.
La simple évocation du concept "en paix" nous met dans une posture bienveillante et relaxée. D'un point de vue syntaxique, il n'y a pas vraiment de différence avec l'expression de "non violence", mais nous savons que notre cerveau fonctionne de manière symbolique. C'est bien là sa plus grande intelligence, celle qui fait, en outre, son incroyable adaptabilité. Le linguiste Benveniste a montré notre façon, dans nos phrases émises ou entendues, d'élaborer du sens dans une double articulation. C'est à dire que les mots assemblés construisent un nouveau sens qu'aucun mot ne contient. Le sens d'une phrase n'est donc pas la somme des mots qui la composent mais l'articulation symbolique des mots entre eux.
Rappelons nous cette historiette où le consultant-enseignant fait repérer plusieurs fois à un candidat, sur différents objets, la couleur blanche. Puis il lui demande ce que boit la vache. Très régulièrement l'impétrant répond "du lait !". Alors qu'il sait très bien que la vache boit de l'eau. Cependant, son cerveau, lui, sait que "vache-liquide-blanc", c'est du lait... C'est là notre capacité d'intelligence symbolique : l'articulation des  éléments divers, utilisés comme des symboles.
Alors, s'il est besoin d'impulser une pulsion positive à l'écoute d'une expression, cela vaut singulièrement pour la “non-violence”. Plutôt que de rester sur le caractère pesant et puissant de ladite "non-violence", nous pourrions aussi bien parler de "en paix". Et s'il en va ainsi pour ce cas-ci, il en ira de même pour tous les autres cas. Cela vaudra pour le "non autorisé", la "non reconnaissance", le "non recours", l'in-égalité" ou "l'in-mangeable", par exemple. Ce que nous en retenons et qui marque notre conscience reste bien l'autorisé, la reconnaissance, le recours, l'égalité ou le mangeable.
Nous voici une fois encore replongés dans notre pensée duale, bipolaire : le bien et le mal, le dedans et le dehors, le positif et le négatif, le réel et l'irréel, etc. Cette forme de pensée nous occupe encore et toujours. La négation nous renvoie à l'alternative unique, à "l'évidente absence de complexité". Or, nous avons vu dans l'expérience de guidage par le consultant d'un impétrant aux yeux bandés, qu'à chaque injonction positive ou négative, s'opposait toute une kyrielle d'alternatives. Ceci nous indique qu'une proposition positive sera toujours plus précise, plus créative et efficiente qu'une quelconque injonction à la forme négative. 
Je pense à ces interdits que dans le temps les adultes opposaient aux enfants (et ils le font encore) : "Ne te cure pas le nez", "Ne coupe pas la parole !", "On ne montre pas du doigt", etc. Toutes ces interdictions apparaissent comme des tabous qui ne disent en rien ce qu'il convient mieux de faire, puisqu'il y a tout le reste... Ainsi à "ne pas montrer du doigt", il y a "chanter une chanson", "se moucher", "prendre un bain", "manger une pomme", etc. La liste est longue et quasi sans fin...
Mais qu'est-ce qu'un tabou ? Ce terme polynésien indique un acte qui transgresse le sacré. Cela étant, il ne dit pas ce qui est sacré. Ce dernier est jugé comme évident et donc n'est pas re-posé dans la conversation ou les échanges. Il est supposé connu a priori, même et surtout, si ce n'est pas forcément le cas. C'est bien là que se situe le problème. 
Combien de voyageurs imprudents et ignares, se sont assis dans la maison de leur hôte dans un endroit dédié à du sacré ? Combien on mangé avec la main porteuse d'un sens impur ? Combien ont indiqué un chiffre de la main sous une forme porteuse d'un sens agressif ou magique ? Combien ont posé un geste s'opposant à la conscience locale de la réalité, transgressant les croyances, les coutumes, le sacré ? 
Pour tout ethnologue, la représentation du monde est propre à chaque culture. Pour tout sociologue aussi. Pour ces derniers, depuis Schopenhauer ou depuis Paul Watzlawick, la réalité n'est que la conscience que nous avons du monde, du réel. Cette conscience est empreinte de représentations sociales structurantes que l'expérience personnelle patine. Ce qui est vrai en deçà des Pyrénées, ne l'est plus au delà.
Alors, pourquoi ne posons nous pas ce qui nous est fondamental (c'est là le sens du mot sacré) ? Pourquoi ne posons nous pas l'évident car justement il ne l'est pas pour tout le monde ? Pourquoi ne disons nous pas ce que nous voulons plutôt que ce que nous craignons ? Parce que, justement, nous nageons entre nos évidences et nos tabous, nos désirs indicibles et nos craintes inavouables ou redoutées. C'est pourtant là le chemin de la confusion... 
Ce qui est important pour nous dans le principe de non-violence est bien le respect de la personne dont la dimension est sacrée. Cela signifie également l'équivalence de toute personne, tout comme le principe de liberté fondamentale, etc. Alors disons et induisons le dans nos expressions. Que ce soit dans la rue, dans nos cercles d'amis ou familiaux, dans nos organisations et nos entreprises, disons ce que nous voulons, ce que nous souhaitons. Et l'assertion reste valable qui que nous soyons, et où que nous soyons. C'est ainsi que "l'autre" pourra comprendre le plus simplement, le mieux possible et ce, dans une simple perspective d'efficience.
Ainsi, en ce 11 septembre, je préfère partager cette pensée positive pleine "d'en paix" que d'en rappeler une autre infiniment plus violente et traumatique. (Tiens, je viens de la rappeler..)
Jean-Marc SAURET
Le mardi 18 septembre 2018





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