Parfois, une bonne chanson parle plus fort que de longs discours parce qu'elle s'adresse directement aux cœurs, aux neurones du cœur, à l'émotionnel. Un aphorisme est une pensée qui autorise et provoque d'autres pensées autonomes. Il ouvre un champ, fraye un sentier vers de nouvelles perceptions et conceptions. L'aphorisme a aussi cette capacité de laisser le temps de s'approprier le fond, et d'en faire quelque chose. Mais il sait aussi le déconstruire, l'intérioriser puis le reconstruire avant d'éventuellement le lâcher. Alors tentons de voir plus loin avec quelques-uns de ceux-ci... prenez votre temps !
- Nous sommes retournés en société gnostique où la "moraline", comme la nommait Nietzsche, a remplacé la sagesse, la réflexion et le débat. Les bûchers sociaux et moraux sont installés en place publique.
- Il n'y a qu'un champ dont on a à s'occuper, c'est celui des communs. Et nous ne le ferons qu'ensemble ! Une seule consigne : aimer les gens et le travail bien fait ! Après, tout le reste va de soi !
- Cessons de parler de développement durable mais plutôt d'harmonie durable car ce n'est pas le plus que nous visons, mais le mieux. C'est cela qui nous aspire profondément à vivre en commun et qui au fond porte chacun de nous.
- Ne parlons pas non plus de décroissance mais disons plutôt : simplifier nos modes de vie dans une frugalité accomplie et heureuse.
- Sois curieux et accepte de ne pas tout savoir, même dans ce domaine que tu estimes être le tien.
- N'obéis à rien ni à personne. Pense et cherche la vérité. N'accepte aucun point de vue tout fait sans le déconstruire et comprendre ce qu'il y a derrière. Alors tu marcheras vers la connaissance et la liberté...
- On est toujours plus intelligent ensemble que le plus docte d'entre nous. Lequel, fatalement, s'il se croit supérieur, tombe en limitation et plus tard en totalitarisme.
- Quand on partage des croyances, que l'on répète ce que les autres disent, on appartient au groupe dans un récit de vérité qui ne l'est pas forcément.
- Ce dont on se souvient est aussi ce que l'on croit, pas forcément ce qui s'est passé.
- Si on abandonne des certitudes pour d'autres, alors le monde, ses mythes et légendes, l'histoire et les souvenirs, changent aussi.
- "Toute vision du monde est un aveu autobiographique." (Boris Cyrulnik)
- La peur nait de la confusion. La sagesse, l'amour et la paix amènent la vérité, et vice versa.
- Nous avons besoin d'un récit porteur de fierté pour chacun et de perspectives pour tous. C'est un discours qui dira qui nous sommes en commun. Lequel est-il aujourd'hui ?
- A l'instar des républicains de la seconde République qui on sorti des fontes de l'histoire Clovis et Jeanne d'Arc afin de passer de "sujets" à "peuple de citoyens", je pense que nous avons besoin aujourd'hui d'un nouveau récit de la France. Nous aurons besoin de Proudhon, Fourier, Louise Michel. Je pense aussi à Hugo, Molière, La Fontaine. Mais aussi à Barbara, Brassens, Villon, Rutebeuf, Tachan, Vian, Prévert, voire à quelques autres. Peut-être simplement retiendrons nous Proudhon, Hugo et Brassens. Voilà mon triptyque fondateur d'un pays que j'espère.
- Les "mangeurs de vent" (comme les appelle Boris Cyrulnik) se repaissent de pensées courtes, servies dans un discours ressassé, roboratif et grégarisant. Ce discours officiel répété à l'envie devient auto-suffisant à "dire le vrai". Quant à eux, les "laboureurs" assument et valorisent directement le réel. Mieux, ils l'expérimentent concrètement pour s'en faire quelques principes utiles à le lire, le comprendre et en faire quelque chose.
- L'action univoque et quasi missionnaire des "mangeurs de vent", ladite pensée unique, est de convertir ou d'éliminer les laboureurs, parce qu'ils mettent en cause leurs certitudes officielles.
- Les dociles conformés célèbrent leur corps constitué à coup de rituels d'appartenance et de reconnaissance, que ces rituels soient gestuels, vestimentaires, oraux ou posturaux.
- Quand on hurle avec les loups, on finit par se sentir loup.
- Une certitude est plus confortable que la recherche de la vérité.
- Une belle image, un joli aphorisme, sont parfois plus efficaces que le débat, car l'émotion ancre les représentations de façon certaine.
J'oserais conclure par cette petite observation que les artistes mettent en scène les problèmes de la cité. En effet, l'art à un effet démocratique qui invite aux partages du débat. Ce n'est pas par hasard que l'art est honni par des "penseurs conformés" car il s'agit là d'une menace pour leur vérité.
Alors, bonne "réflexion méditative" à chacune et à chacun et excellente journée ! Quel beau chemin que celui qui se profile !...
Jean-Marc SAURET
Le mardi 22 novembre 2022
Lire aussi : "Contre la dictature de la conformité"
Mais aussi : "Dogmes ou Aphorismes"
Merci Jean-Marc pour toutes ces réflexions qui nous invitent à ouvrir nos esprits
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