L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Par où refaire la démocratie ? (15 03)

Combien de propositions organisationnelles et structurelles nous sont faites par quelques experts, ou autres penseurs !... Tout ceci dans l'idée de redresser la perte de démocratie et provoquer le retour des citoyens aux urnes... "Malgrè eux",... il ne s'agit toujours pas de "faire quelque chose du citoyen", comme si les choses du politique se décidaient d'en haut ! Autrement dit, comme si ces options étaient prises "depuis un ailleurs", dissocié du champ du peuple. Implicitement cela semblerait confirmer le fait que ledit peuple serait incapable de bonnes initiatives et de claires réflexions. Le voici donc "décrété" comme incapable majeur !

Non, la démocratie, comme l'étymologie du mot l'exprime, c'est le peuple qui décide et gouverne pour lui-même et par lui-même.

Il n'y a d'ailleurs rien à décider ou à préparer à sa place, ou pour lui accorder une place, un rôle ou une fonction. Il les a toutes a priori pour décider par lui-même, comment tout cela va se passer, etc. Ce que nous avons à faire est de changer, dans nos regards et notre éducation, quelques valeurs fondamentales. Il nous faut quitter la culture néolibérale, individualiste, égoïste et matérialiste pour celle de la bienveillance solidaire.

Souvenez-vous de cet anthropologue, en observation au cœur de la savane africaine : il mit un panier rempli de fruits au pied d'un arbre et proposa aux enfants du village de faire une course jusqu'à l'arbre.

Il proposait que celui qui gagnerait obtiendrait le panier et tous ses fruits. Que s'est-il passé ? Les enfants, main dans la main, ont marché tranquillement jusqu'à l'arbre et ont partagé le contenu du panier parce que pour eux, on ne peut être et faire que tous ensemble.

Peut-être vous rappelez-vous cet excellent film "Les dieux sont tombés sur la tête" ? Une bouteille de soda tombe en plein Botswana dans un village Bochiman du Kalahari. Cette bouteille tombée du ciel est "sans doute" envoyée des dieux. Elle est de surcroît transparente et solide. Elle peut donc servir de pilon, de flute, de récipient et à bien d'autres usages. Tout le monde "a besoin" de s'en servir en même temps et la belle solidarité des interdépendants se trouve réduite en miettes. Leur sagesse alors a été de rendre aux dieux cet objet de discorde...

Nous avons tellement à apprendre de ces gens, dits peuples premiers, et que nous regardons avec tant de condescendance...

Savez-vous que si, dans la nuit des temps, les loups et les hommes se sont associés pour vivre, c'est pour une raison commune partagée : leurs (et nos) cultures groupales sont identiques, faites de solidarité et d'interdépendances ?

Dans ces conditions, nous pouvons arrêter de vouloir penser pour les autres comme s'ils étaient idiots ! Revenons au sens premier du groupe : il s'agit d'une fratrie solidaire d'interdépendants. A partir de là, "tout le reste" sera organisé et décidé "comme il faut", pour le bien commun, de chacun et de tous !

La seule loi, tant en management que dans la vie sociale, est : " Aimez les gens et le travail bien fait. Tout le reste ira de soi !". C'est ce que j'ai toujours répondu quand on me demandait quel était l'essentiel en matière de management et de relations humaines. Il va bien falloir que l'on y revienne, que l'on change son regard sur l'autre... car l'autre est "un autre moi-même"! Sans cet autre si nombreux, je ne suis pas et ne peux rien.

L'illusion promise par le néolibéralisme est que je pourrais arriver seul à mes fins. Corrélativement, l'autre serait donc un enfer, un obstacle à mes visées ! Grossière erreur... Et pourtant, toutes les pratiques sportives tendent à nous démontrer l'inverse. Dans le sport d'équipe, personne ne peut y arriver ni briller seul. Les équipes qui pratiquent cette illusion perdent, se disloquent et déjouent.

Dans les sports individuels, que serait l'athlète sans l'équipe qui travaille avec lui, coach, préparateur, soigneur, analyste-stratège, communiquant, équipementier, etc. ? D'ailleurs, tous travaillent avec tous. Personne ne reste dans son coin et chacun sait ce qu'il doit aux autres. Chacun sait comment il a besoin de chacun et de tous, pour arriver à ses buts, à un résultat honorable. Rien n'est jamais acquis, et tout est toujours à parfaire.

Et si, à partir de ces prémices, on laissait les gens penser, apporter leurs visions des choses, apporter et tenter leurs solutions, partager leurs intelligences et leurs sagesses. Si, comme le supposait Lacan, je ne suis que de l'autre, alors l'autre aussi n'est pas moins que de moi. Ce dont je le considère l'aspire. C'est là le cœur de la "prophétie réalisante" de Paul Watzlawick. Quelle responsabilité de penser quelque chose de l'autre, du meilleur au pire ! Notre interdépendance va au moins jusque là...

Et si l'on arrêtait d'imaginer que la pagaille vient de la pluralité et que l'erreur est humaine ? Et si l'on commençait à se rendre compte que l'intelligence est collective, qu'elle vient du partage, que la connaissance augmente justement quand on la partage… Alors, on serait bientôt convaincus que du débat naît la lumière, que la force vient de la solidarité, qu'il n'y a pas d'idiots, mais juste des gens qui n'entendent pas les autres, etc…

A partir de là, il serait loisible de conclure, à la Rudyard Kipling, "Nous serons des humains, mes amis" !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 15 Mars 2022

Lire aussi "L'homme est-il un loup pour l'homme"



Licence Creative Commons

1 commentaire:

  1. Monsieur,

    comme toujours votre propos de cette semaine va, une fois encore, à l'essentiel avec ce recul pertinent qui vous caractérise et sait enrichir notre vocabulaire.

    Si je réagis cette semaine, c'est que je suis de ces "autres penseurs" dont vous parlez mais qui se revendique du peuple, celui qui "normalement" décide. Sauf que les épisodes sont nombreux et démonstratifs, cette affirmation est une vue de l'esprit qui fausse l'image originale, si commode et si généreuse. En soi, comme je ne sais pas embrasser une foule, je ne sais pas comment faire décider le peuple. Ne doit-on pas lui mâcher la pensée, lui souffler les critères, lui montrer son inconsistance pour qu'il puisse se déterminer et se repérer. Je n'ai jamais vu un groupe s'autodéterminer et consensuellement s'en revendiquer. Votre image du panier de l'anthropologue est bien trop poétique et encore innocente de l'enfance immergée dans une culture déterministe pour en faire autre chose qu'un bon mot. Mais, transposée en l'état sur un rond point de Gilets Jaunes, il est fortt à parier que les comportements ne seront pas aussi "poétiques", n'est-il pas?
    alors, du point de vue de votre analyse, pouvez-vous me faire entendre, ce qui devrait advenir pour que le peuple décide, comme vous l'exprimez, pour cette intriguante démocratie que je baptisais Déconomocratie dans mon livre ?
    Sur quels constats vous basez-vous pour étayer le concept de "peuple" comme entité capable de détermination: une opinion, une réaction, une émotion aussi collective qu'elle puisse l'être (mort de Lady Di ou nous sommes tous Charlie) n'est pas une "décision", n'est ce pas?

    Pardonnez mon interpellation, mais ce coup-là, il me manque un "morceau" .
    A vous lire, avec toute ma considération

    gérard Leidinger
    auteur de la Déconomocratie

    RépondreSupprimer

Vos contributions enrichissent le débat.