L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Un pragmatisme humaniste

Voici en quelques lignes, le compte rendu d'une longue conversation que je viens d'avoir avec un ancien comparse alors gérant d'entreprise, aujourd'hui consultant en stratégie de gestion des entreprises. Le point de départ était une divergence dans nos discours respectifs sur le point focal de nos actions de conseil : que visions nous ? Nous étions d'accord sur le fait que nos interventions devaient apporter une plus-value pour la croissance de nos entreprises clientes. Mais la nature de nos apports nous séparait. Il me disait prôner un pragmatisme gestionnaire et je proposais mon habituel humanisme méthodologique.
"Toi, qui a été durant treize années gérant d'entreprise, dont le profil de redresseur de merdiers collait à la peau, comment peux tu aujourd'hui rejeter le chiffre, comme tu dis, la saine gestion et son suivi au prétendu prima des relations humaines ?" Je lui fis remarquer tout d'abord que ce n'était pas exactement cela que je mettais en exergue, mais plutôt les atouts de la qualité humaine et de la force du vivant dans une société qui avait changé sur ses valeurs de compétences, d'autorités et de pouvoirs.
"Tu ne peux pas affirmer, insistait-il, l'obsolescence de la gestion, de la rigueur et de la précision des chiffres, pas plus que l'art de projeter des objectifs, une bonne gestion et la rigueur du suivi ! Tu serais hors sol..." En effet, je confirmais que l'entreprise devait croître, et produire des bénéfices, qu'un bilan négatif était désastreux, que tous ces indicateurs et outils qu'il invoquait étaient bien sûr indispensables. Nous passâmes un moment à s'accorder sur l'importance d'un bon compte de résultat, d'un bon bilan, le sens de chacune de leurs lignes que nous connaissions bien et qui avaient longtemps été, pour l'un comme pour l'autre, l'outil principal de nos bonnes gestions et de nos succès respectifs.
"Alors tu reconnais que le chiffre est l'objectif !" me lança-t-il. Pas tout à fait... Si la finalité est la croissance et le développement de la production, des actifs de l'organisation, l'objectif est de construire un management qui nous y conduise... Il en convint. Bien sûr que j’œuvrais pour le bon développement productif de mes enseignes clientes. Bien sûr que la qualité de leurs comptes de résultat et de leurs bilans était la raison d'être de mes interventions. Bien sûr qu'in fine c'est bien cela qu'attendaient mes prescripteurs et clients de mes conseils. Bien sûr aussi que le temps presse pour tout le monde et qu'il n'y a aucun temps à perdre avec des considérations moralisantes ou idéelles. Oui, je partage cette finalité et je pense l'organisation et mon métier d'un angle des plus pragmatiques que mon passé m'a longuement appris.


Comme nous avions aussi un passé de sportifs amateurs, que nous partagions une certaine passion pour les "stratégies de la gagne", lui dans le handball et moi dans le rugby et la boxe, je lui rappelais que l’addition de stars du ballon ne faisait pas la force de l'équipe. "L'équipe est un système vivant et complexe, où des gens ont d'une part la fierté de participer à l'histoire de l'équipe, du "groupe", le plaisir d'y être accueillis et reconnus pour la qualité de leurs apports, mais aussi l'envie de s'investir, de jouer". "Si tu as une bonne stratégie, les gens suivent !" me rétorqua-t-il. "Le coach n'est plus le sachant qui apporte tout sur un plateau. Regarde dans ton sport un entraîneur comme Onesta : il laisse ses joueurs décider de tout pour le jeu et la gagne, et ça marche. Il sait tout ce que je te disais et aussi qu'il ne sait pas tout... comme bon nombre, d’ailleurs."
Nous marquâmes un temps d’arrêt... Je faisais, comme nous disions, "un tour à la cuisine", c'est à dire que je le laissai réfléchir à tout ça sans en rajouter. Il avait bien raison sur bien des choses. C'est seulement le chemin qui nous séparait.
Je relançais ensuite. "Le monde a changé. Tout le monde sait plein de choses, les employés comme les patrons. Nous avons tous été bercés à être de bons clients exigeants et nous le sommes devenus. Chacun connait les critères et les valeurs des choses que nous achetons ou que nous produisons. Chacun connait bien sa partie. Chacun connait le client mais chacun selon son action. Plus personne ne connait tout. Nous avons besoin de nous regrouper, de nous associer pour faire et produire mieux. Si les entrepreneurs le savent, les employés aussi. Aujourd'hui, c'est la logique de réseaux, d'association, de codécision qui prévaut pour l'efficacité. C'est bien ce qu'a compris Jean-Dominique Senard, le président de Michelin. C'est le sommet de la pyramide de Maslow qui est importante : se réaliser. Alors nous devons animer les organisations dans ce sens : lâcher prise sur les décisions que les employés peuvent prendre, leur ouvrir des espaces d'expérimentation. Et s'ils se trompent, ils sauront mieux que quiconque ce qu'il faut corriger et comment le faire. Il faut juste les accompagner. Est-ce que tu décides à la place de ton client ? Non, bien sûr ! Eh bien, c'est ce à quoi j'invite les patrons : décider moins, animer les partages, les collaborations et les associations d'individus, encourager l'innovation et prendre les risques ensemble, célébrer les succès, tirer partie des faux-pas et égaliser les différences. Ainsi, tous ces gens qui comme toi et moi, aiment décider, agir, s'engager, réussir, pourront le faire et tous auront à y gagner, l'entreprise la première. Je te promets que le résultat d'exploitation sera bien meilleur en passant par là. Bien des entreprises, en France et ailleurs, ont franchi le pas. Elles marchent mieux. Ce sont les entreprises qui ont libéré leurs potentiels, leurs énergies, leurs talents... La force du management aujourd'hui repose sur un pragmatisme humaniste : laisser les gens faire ! S'ils décident eux même, ils font mieux et plus adapté. Alors l'entreprise progresse. Elle gagne des marchés..."
Je me tus, j'en avais assez dit. Il était temps que je refasse "un tour à la cuisine"... "Tu prends toujours un sucre dans ton café, Alain ?"

Jean-Marc SAURET
Publié le 24 février 2015


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