L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

La révolution communautaire (29 03)

Aujourd'hui, je vous propose de revenir sur le cours de notre évolution sociétale. Nous constatons la fin de ladite modernité et de son orientation par "un progrès obligé". Il en va de même pour de l'organisation verticale, de la démocratie par projet "un individu une voix", et la pensée globalisante, sur fond de directivité. 

Le temps d'après pointe son bout de nez. Après une phase de transition néolibérale à tout crin, nous voici parvenu à ce moment d'entre-deux suivant la modernité. On l'appelle aussi "Postmodernité" (ambiant, reliant émotionnel, tribus et immédiateté ici et maintenant). Aujourd'hui la postmodernité néolibérale à bout de souffle arrive à son terme. Il faut vite penser l'après et le favoriser, le développer, le bâtir. Nous voici parvenus au temps de l'alternance culturelle avec son sens de l'œuvre, des acteurs impliqués dans les réseaux, "le hors temps" et le pragmatisme engagé. Ces groupes sociaux locaux et sans frontières, mouvants, se liant, se déliant et se reliant, s'harmonisent entre eux dans des logiques pragmatiques, "élaborantes", constituantes, funs et intelligentes.

Voilà pourquoi, une fois le temps de la soumission volontaire postmoderne passé, les "alternants culturels" tournent la page de l'éphémère et de la consommation reine. Ils construisent, dans le bac à sable sociétal, de nouvelles créations sur des modes "inimaginés". Créativité, intemporalité, collaboration et indépendance deviennent les caractéristiques du nouveau paradigme. 

Qui parle de démocratie ? Ces gens là sont un pas plus loin. Ici, on ne délègue plus ! On fait soi-même et entre soi.

Pendant ce temps, les élites qui n'ont rien vu venir, qui n'ont pas compris pourquoi ces gens-là leur marchent dessus sans vergogne, se raidissent, se retaylorisent, se radicalisent dans un autoritarisme féodal, jupitérien et totalitaire. Mais cette raideur gouvernante ne fait qu'accélérer le processus de mutation, de soulèvements prospères, d'élaborations souveraines et définitives. La peur a bien changé de bord. L'amour du beau, de la création, de l'œuvre, a bousculé le carcan de la consommation soumise, stérile et futile.

Le bonheur dans le "flow", ce flux de réalisation, a délogé l'hypothèse d'une jouissance par l'objet. Dès lors, les gens avancent en personnes reliées, autonomes et "collaborantes". Ils n'attendent rien. Ils font le monde qu'ils veulent. Ils y sont en actes. Ce qui les gêne sur leur passage constructif est balayé sans ambages ni rancune, sans violence gratuite mais sans hésitation ni vergogne.

Ces gens-là ne sont pas majoritaires, loin de là, mais suffisamment nombreux pour générer un mouvement efficient, voire important et emportant. C'est "la puissance des minorités actives", comme disait le psychosociologue Serge Moscovici. Ce mouvement-là n'a besoin ni de chefs ni de leader, ce qui déroute tant les modernes que les postmodernes. C'est bien ce qui les positionne à chaque fois avec un coup d'avance. Tentez de les museler, de les contenir, de les empêcher ou de les canaliser, ils ont déjà ouvert une brèche ailleurs et ils avancent la construction d'un nouveau monde.

Il faut bien se rendre à l'évidence qu'il y a chez chaque individu ce que j'appelle la "tentation de la fête", c'est-à-dire ce désir d'appartenir, de faire partie. En fait, nous retrouvons là ce troisième niveau de la pyramide de Maslow. Il y a cette tendance confortable à entrer dans la foule, à "en être", à participer à la célébration. Il y a là une quête identitaire, un "acte-moment" qui participe au processus de socialisation. Ce processus s'accompagne de renonciations, de soumission, d'abandons, de perte de morceaux de conviction. Ainsi, dans la foule, le quidam devient facilement un mouton du troupeau.

Ainsi, la pensée centrale se développe, se propage, et s'installe. C'est plus ce phénomène, particulièrement libéral et postmoderne, qui fait la construction de la pensée centrale ou unique. De fait, les alternants culturels se moquent de ce phénomène. Plus "an-archos" que membres de quoi que ce soit, plus rebelles que militants, très "beat-generation", très autonomes et trop peu dépendants, ces personnes ont plus besoin de jouir de l'accomplissement de l'œuvre que d'en être reconnus membres participants, voire peut-être simplement contributeurs.

C'est cette posture qui leur confère une force créatrice, "reliante", contributive. Tout ce qui pourrait gêner l'accomplissement de l'œuvre, leur vie dans ce monde qui est le leur, sera balayé, bousculé, déconstruit, sans haine ni acharnement, juste avec méthode. Il ne s'agit pas de révolutions, ni de révoltes, ni d'insurrection ou mutinerie, mais bien de soulèvement pour que leur marche s'accomplisse, pour que leur œuvre soit. Il s'agit juste de bousculer ce qui gêne, ce qui ne va pas dans le sens de l'œuvre. Et ceci est imparable, car il ne s'agit là pas d'un essentiel mais d'une manière d'aller plus loin pour accomplir ladite œuvre.

Voilà pourquoi, il m'apparaît évident et normal que l'ère des soulèvements, dont parle le sociologue Michel Maffesoli, soit aujourd'hui à l'orée de nos rues, de nos ronds-points, de nos villages. Car c'est déjà là que les choses se passent depuis des années autour de bars et épiceries associatifs. C'est là où commence et se construit pas à pas le monde à venir.

Chaque groupe a son identité, sa philosophie, sa stratégie, son œuvre, et chacun reconnaît les groupes voisins dans leurs finalités et leurs méthodes. Attendez-vous à de grandes solidarités, à des convergences et à des échanges coopératifs entre toutes ces communautés disparates mais de même posture, voire de même culture. Comme chez un acteur sans ego ni orgueil, rien n'est susceptible de les contrer, ni de les ralentir. C'est pour cela que le terme de révolution communautaire me paraît approprié.

Cependant, il n'est pas exclu que des postmodernes, avides de retrouver ce que la situation globale leur a fait perdre, rejoignent ces révolutions alternantes par souci du gain ou celui d'en être. Ultime sursaut, histoire de récupérer les miettes qui tomberaient de la table. On a effectivement vu cela autour de l'an mille quand l'Eglise annonçait le jugement dernier imminent. A ce moment, les nobles ont confié pour le rachat de leur âme leur fortune au clergé. Ensuite, ils y sont entrés tout de go, la grande peur passée, histoire de retrouver "leurs billes". Ces phénomènes opportunistes pourraient apporter du souffle aux soulèvements communautaires, voire quelque peu libertaires. C'est ce que nous disions la semaine dernière...

Le processus pourrait être le même pour un gouvernement central qui instillerait la peur dans le peuple dont il a pris la charge. Isolant ainsi les personnes et brouillant leurs liens sociaux, cela pourrait faire penser à l'expérience interdite où des expérimentateurs isolaient des nouveaux nés. Choyés matériellement mais sans socialisation aucune ni rapports humains, tous les enfants sont morts. L'objectif rappelons le, était de savoir quelle langue ils allaient spontanément parler (langue qu'ils supposaient originelle). L'homme, est il besoin de le dire, est un "animal social".

Effectivement, nous vivons plus de liens sociaux que de biens matériels. Les populations s'adaptent toutes, et essentiellement sur ce fait là. Si la bienveillance, la compassion et la solidarité sont si fondamentales, alors agissons pour nos sociétés nouvelles ! Inventons les dès maintenant et vivons les tout de go.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 29 mars 2022

Lire aussi "Des caractéristiques des alternants culturels : le fun et le nombre"



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1 commentaire:

  1. 3L'amour du beau, de la création, de l'œuvre, a bousculé le carcan de la consommation soumise, stérile et futile..."je suis d'accord!!!!.

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