Si vous
imaginez que vos talents sont les visas sur votre "passe-portes"
professionnel ou personnel, vous vivrez de larges déconvenues. En effet, ce
n'est pas ce que vous êtes ou pensez être comme apporteurs d'innovation, de
pensées justes ou de solutions pour vos prospects, vos patrons, vos collègues et
vos relations, qui fera votre présence sur votre marché, qui fera votre place
dans le monde. Ce ne sont pas vos capacités mais seulement la manière dont les
gens vous voient, vous perçoivent et vous considèrent qui fait votre chemin. Vous voient-ils
comme une menace ou comme une opportunité ? Ceci n'a rien à voir avec vous mais
avec leurs propres solutions et leurs propres intérêts seulement, avec leur
propre vision du monde. Que les gens soient généreux ou égoïstes ne
change rien à l'affaire. Cela n'a aucune importance. Les publicistes et
commerciaux ont compris tout cela depuis bien longtemps et leur démarche
professionnelle est d'abord de comprendre ce qui vous plait, ce qui vous
séduit, les couleurs, les sentiments et les formes qui vous font vibrer. C'est
là dessus qu'ils construisent. Exister est tout d'abord une question de sens,
celui et ceux des autres.
Si vous
êtes beau, si vous êtes belle selon les canons locaux, votre humour et votre
intelligence en seront qualitativement augmentés et bien plus appréciés. De
fait, rien ne change à l'intérieur de vous même, mais sur le marché, oui. Si
votre relation à l'autre est ressentie comme bienveillante et à l'écoute, vous
serez quelqu'un de bien. Si l'on vous considère comme disant ce que vous pensez
réellement, vous risquez d'être perçu comme quelqu'un de naïf ou de sincère, et
selon ce que vous dites, peut être comme quelqu'un d’obtus et rigide, voire même une forte tête... quand ce n'est pas agressif. Si vous craignez les réactions de votre
interlocuteur (c'est que vous êtes quelque peu timide), vous serez alors perçu comme un
nerveux imprécis, voire dissimulateur. La vie des relations est ainsi faite.
L'approche PNL (Programmation Neuro Linguistique*) joue
sur ces registres relationnels et propose quelques trucs et astuces. Bien
qu'ils soient conçus (et donc inscrits) dans la culture anglo-saxonne, ils
fonctionnent assez bien aussi dans la notre. Dans l'idée de cette approche, il
s'agit de "donner le change" comme nous disons communément, en se mettant davantage en
résonance avec son interlocuteur, plutôt qu'en empathie. On comprendra que
l’authenticité relationnelle peut être parfois bien aléatoire.
Ainsi,
réservez vos talents pour "réaliser" ce que vous avez à faire et n'en
attendez rien en termes de publicité, de marqueur,
de clés relationnelles, de marchepieds ou autre passeport. Les
compétences que l'on vous reconnaîtra sont avant tout celles que
possède ou imagine votre interlocuteur. Rien d'autre. Finalement, tout n'est
que jeux de relations. Soyez lisse et secret et ne levez pas
les ambiguïtés circulant sur vous-même, cela ne vous sert pas,
disait François Mitterrand (une référence assurément, pas nécessairement un "modèle").
On a
tendance à penser que le juge de paix de votre réputation constitue la somme et la
qualité de vos résultats. Mais qui les a obtenus ?... Qui a réellement réalisé
la "cathédrale" ? Quelle est votre contribution exacte à l'ouvrage ?
Vous est-il reconnu ou contesté ?... Mais aussi, quelle qualité, dans son
regard, le "spectateur" déduit-il de vos "œuvres" ? Quel
talent vous reconnait-il... et pour quel intérêt pour lui ? Je suis donc convaincu
que ce que l'on dit de vous ne vous concerne pas mais plutôt celui et ceux qui
le disent. Quel intérêt ont-ils à vous voir ainsi, et surtout à le propager ?
Question froide, certes, mais réaliste et bien souvent si vraie.
J'ai
croisé nombre de grands dirigeants. Ce qui m'est apparu comme étant chez eux un point commun
est leur retenue et leur capacité d'observation, leur attention. Ils parlent
peu et écoutent beaucoup. Les autres s'exposent et paient le prix fort.
D'ailleurs ces patrons sont de grands patrons parce qu'au delà de cette
posture, on leur suppose des qualités humaines, techniques ou professionnelles
exceptionnelles. Les ont-ils vraiment ? Certains oui et d'autres en ont
d'autres... Ce qui m'a amusé est que chacun leur voit les qualités de son
propre métier ou de sa propre posture, de sa philosophie ou celles que sa
culture véhicule et porte aux nues...
Par
ailleurs, ce qui constitue réellement le meilleur marchepied du pouvoir et du
succès est le réseau professionnel ou autre, celui qui propage ce qu'on dit de
vous et cela se travaille. Mais ceci est une toute autre histoire.
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 13 septembre 2016
* Méthode ou technique relationnelle, pratique communicationnelle élaborée par Richard Bander et John Grinder sur des conclusions dudit "collège invisible" de Palo Alto.
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