Aimez les gens et le travail bien fait suffit à
manager correctement. Après, tout le reste va de soi. Il en va du manager
comme du jardinier. Il aime les plantes. Il les connaît et il connaît aussi
tout ce qui vit dans son jardin, leur mode de faire et d'être, leurs pratiques
ordinaires et saisonnières, leurs besoins et ce qui leur est fatal. Il connaît
les interactions entre ces éléments du vivant. Il connaît l'importance et le
dynamique de la biodiversité, ses contraintes et ce qui la menace ou la détruit.
Il comprend tout ceci et, quand nous le voyons faire ou que nous l'écoutons,
nous nous disons qu'il est bien certainement un sage.
Il en va de même pour les dirigeants et les
managers. Il y a ceux qui prennent le gyrobroyeur et les désherbants pour
« nettoyer » le terrain, parce qu'ils le veulent clean et bien géré, et ceux qui
pensent qu'en faisant comme ça, oui, le terrain est bien propre mais mort,
parfois définitivement mort, qu'il n'y aura donc plus rien à gérer. Ils
développent alors des pratiques plus discrètes et bien adaptées pour favoriser le
développement du vivant. Et ça marche ! Jardiniers accompagnateurs du vivant,
ils le cultivent, le favorisent, le développent pour le bien de tous et de
tout.
C'est donc bien une question de posture, et il y
a en effet deux postures distinctes. Dans la première, le dirigeant dirige. Il
se place haut, bien au dessus de la mêlée, à laquelle il ne
se mêle pas. Il est un sachant qui applique les méthodes et utilise
les "bons" outils. Tout est bien distinct : il y a lui et
la mécanique qu'il dirige. De l'autre, dans la seconde posture, le
dirigeant est un acteur de la dynamique. Il est dans le jardin tout à l'écoute
et à l'attention des signaux faibles, sans a priori ni théorie. Il sait qu'il
ne sait pas tout, qu'il fait partie du système, qu'il en dépend aussi. Il
est tout en intelligence, en empathie et attention. Il est partie prenante du
vivant auquel il participe, usant des forces et des intelligences de chacun et
de tous
Oui, ceci pourrait paraître rêveur et nombre de
tenants de la bonne bureaucratie à la française ne manquent pas de nous le
retourner. A ceux là, j’aurais tendance à rappeler qu’au cours du déroulé de la
révolution française, notamment dans la période de frottement pour
l’installation de la première république, les royalistes regardaient avec
condescendance et mépris cette petite et fragile république en herbe. Ils disaient
qu’elle n’irait pas bien loin, qu’elle était comme cette « Marianne »
qu’adoraient les marianiste, petite religion mariale bordelaise fondée par
un certain Chaminade. L’histoire ne leur a pas donné raison, je crois, et les
républicains ont retourné le compliment en faisant de cette moquerie leur
égérie.
Jean-Marc SAURET
Publié le mardi 27 janvier 2015
Lire aussi : " Le travail et la réalisation de soi "
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos contributions enrichissent le débat.